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Orzens

Orzens, entre Gros-de-Vaud et Nord vaudois

D’argent au sautoir de gueules, une étoile à six rais du premier brochant en abîme.

Au Moyen Age, Orzens fit partie de la seigneurie de Saint-Martin du Chêne, puis de celle de Bioley-Magnoux. Au XIVe siècle, une famille de chevaliers, portant le nom de l’endroit, y acquit des droits de féodaux. Devenue seigneurie, cette terre passa dans les mains de diverses familles jusqu’en 1798. En 1925, la commune a relevé les armes d’une famille noble d’Orsans en Franche-Comté, dont le seul rapport avec Orzens est l’homonymie du nom.

Pour vous présenter notre petite commune de 200 habitants je vous propose une petite balade informelle dans la géographie et l’histoire de notre village.

«Orzens! C’est où?» C’est la question que les habitants du village entendent le plus souvent quand ils disent d’où ils viennent; ceux qui ne la posent pas feraient-ils trop confiance à leur GPS !?

La commune fait partie du district Jura- Nord vaudois, donc démarrons notre itinéraire depuis Yverdon-les-Bains. Prenez la route de Moudon puis bifurquez en direction de Bercher. Jusque dans les hauts d’Ursins la vue se dégage sur la plaine de l’Orbe et les crêtes du Jura, mais dès que la route descend et entre sur le territoire d’Orzens, la vue tourne et s’ouvre sur le vallon de la Menthue et, au loin, les Alpes: «depuis Orzens on voit le Moléson». Laissez votre regard glisser vers la gauche et, au plus loin qu’il portera, vous pourrez, par temps clair, observer le Mont Blanc.

Arrêtons-nous un instant sur cette hauteur : le village est construit de part et d’autre d’une route principale. Il se caractérise principalement par ses vastes fermes anciennes, ainsi que par son château qui fut reconstruit en 1701. Un léger saupoudrage de villas bien intégrées lui donne son cachet actuel qui ne manque pas de charme. Le tout se prolonge à l’est vers le hameau des Champs-Plats, le Clos-des-Odets et, à l’ouest, se termine par la ferme foraine de la Verne. Si l’habitat est typiquement rural, les exploitations agricoles ont lentement diminué au cours de ces dernières années et les familles se dédiant à plein temps à cette activité se comptent actuellement sur les doigts de la main. L’évolution a fait que, malheureusement mais inévitablement, la laiterie-fromagerie du village a été mise hors service en 2010, remplacée par une installation régionale moderne sur la commune de Vuarrens. Les nouvelles normes ayant poussé les derniers exploitants à planifier de nouvelles constructions hors agglomération, directement en zone agricole, la municipalité élabore actuellement un nouveau «plan d’affectation» mettant l’accent sur la réaffectation de ces ruraux pour de l’artisanat ou du logement.

Reprenons notre route et descendons dans le village. Nous arrivons «droit dans le collège». Il n’accueille plus d’élèves depuis 2010, mais vous y trouverez l’administration communale; une planification à moyen terme prévoit de la déplacer dans un autre bâtiment communal et de dédier ce bâtiment uniquement à la location. Le bâtiment compte déjà deux logements et un local consacré à l’artisanat.

Continuons notre cheminement : la route descend vers la gauche, elle pourra vous mener soit à Gossens ou, en prenant le chemin du stand et traversant le pont sur la Menthue, vers Bioley-Magnoux. A droite deux autres choix: montez en direction de la route d’Essertines ou du chemin de Pailly.

Sur cette rue, rafraichissez-vous à l’une de nos fontaines et prenez le temps d’observer la plus vieille bâtisse du village, un vieux grenier datant de 1553; derrière ses poutres en chêne patinées par le temps, vous verrez peut-être un sculpteur à l’ouvrage. Arrêtez-vous et je vous ferai volontiers la conversation!

Au centre du village, si le soleil est de plomb ou la pluie battante, faisons une halte sous le couvert du Casino avant de reprendre la route en direction d’Oppens. Passez la nouvelle salle communale (nous y reviendrons plus tard): sur une colline, à la sortie du village, se trouve l’église. Pourquoi construire, ou devrais-je dire reconstruire, une église isolée sur ce promontoire?

Ne vous trompez pas en lisant la date, 1664, sur la porte; cet encadrement en pierre de Hauterive vient de l’ancienne chapelle qui se situait vers le château et a été démolie au tournant de 1900. Le nouveau clocher a été construit ici, au début du XXe siècle pour être visible des trois villages d’Oppens, Gossens et Orzens. Après quelques «disputes» le Conseil d’Etat a imposé aux trois communes de construire ensemble ce lieu de culte. Oppens a exigé d’avoir sa propre porte qui est toujours là aujourd’hui, côté Alpes. Même si plus personne ne sait aujourd’hui pourquoi l’église a conservé trois portes, c’était peut-être là que débutait pour Orzens la période des associations intercommunales, une obligation pour une petite commune comme la nôtre; le chemin des écoliers va en direction de Bercher aux bons soins de l’ASIRE qui s’étend de Thierrens à Echallens ; nos pompiers volontaires sont incorporés au SDIS d’Echallens et, quand ils ont besoin d’eau, c’est l’association intercommunale d’amenée d’eau de la Menthue qui la leur fournit, association dont notre ancien syndic (1962-1980) M. Albert Piot, qui vient de nous quitter à l’âge de 95 ans, a été l’un des membres fondateurs, le 27 mai 1972. D’autres associations ont suivi, se situant sur les deux districts du Gros-de-Vaud et du Jura-Nord vaudois. Et de mêmes réflexions ont mené à un projet de fusion des huit communes de la paroisse (retour au clocher !), Bercher, Essertines, Fey, Oppens, Orzens, Pailly, Rueyres et Vuarrens. Le projet de commune de Sauteruz n’a pas passé l’obstacle des urnes en novembre 2014. Un jour, un opposant à la fusion nous ayant dit que nous allions perdre notre identité, nous lui avions rétorqué «Qu’est-ce pour vous l’identité villageoise?» – En réponse, un long silence…! – L’avait-il déjà perdue?!

Qu’est-ce que l’identité villageoise d’Orzens? La réponse nous est peut-être parvenue suite à un événement dramatique.

Le 16 décembre 2013, la municipalité in corpore rentrait d’un souper de fin d’année et a aperçu une ligne de fumée, en direction d’Orzens, illuminée par une colonne de flammes. C’était le Battoir, la salle communale, qui partait en fumée. A minuit, il ne restait debout que le porche d’entrée que les pompiers protégeaient pour éviter que l’incendie ne se propage à l’atelier de charpente Montandon qui se situe de l’autre côté de la route. Au vu de l’émotion produite et de la mobilisation une année après au Conseil Général pour faire passer le projet de reconstruction (il compte plus de 50 membres depuis ce jour, un chiffre honorable pour un village de 200 habitants), l’identité du village se trouverait-elle en ce lieu ? Pour y répondre remontons un peu dans le temps:

– 1884. L’annuaire vaudois nous informait que le village comptait 311 habitants et, au vu de ce que l’on pouvait lire dans la presse locale, il ne devait pas y avoir une salle assez grande pour les représentations théâtrales: (Journal d’Yverdon 23 avril 1884) «Orzens. – Les deux représentations offertes samedi et dimanche par la jeunesse de ce village ont attiré grande affluence de spectateurs. Toutes les localités environnantes étaient représentées, et bon nombre de personnes d’Yverdon ont dirigé leur promenade de ce côté dans l’après-midi du dimanche. Le drame a bien marché. Les rôles étaient admirablement sus, le débit en général bon; quelques-uns des acteurs ont même fait preuve d’une certaine entente de la scène. En somme, la jeunesse d’Orzens a donné, dans l’exécution de la Diète de Stanz, des preuves d’intelligence et de travail sérieux, dont on peut la féliciter très sincèrement. Le théâtre avait été installé dans une impasse suffisamment vaste, au fond de laquelle s’élevait la scène, montée et décorée avec soin. Il est regrettable qu’une violente averse ait interrompu la pièce, dimanche, pendant un certain temps. Une accalmie a heureusement permis la reprise du spectacle, qui s’est bien terminé.

[…] toutes les personnes qui ont visité Orzens à cette occasion, ont reçu des habitants du village l’accueil le plus hospitalier. Partout la table était mise, et chacun a eu sa part de faveurs. Aussi, malgré l’inclémence du ciel, les assistants se rappelleront-ils toujours avec plaisir cette agréable journée.»

Dès lors, la tradition des «soirées théâtrales et musicales» a perduré. Mais pour s’éviter les problèmes dûs à «l’inclémence du ciel», à l’automne on dépoussiérait le battoir et l’on y construisait une scène que l’on démontait, après les représentations, au début du printemps. Toutes les informations sur cette tradition théâtrale villageoise se trouvent présentées sur le site de l’Association Culturelle d’Orzens (plus de 150 articles de presse et plus de 100 photos et vidéos présentées https://theatreorzens.info/)

– Dans la première moitié des années 1930, on construisit une «salle de spectacle digne de ce nom» au milieu du village, en face du café Burla. On pouvait lire dans la chronique régionale du Journal d’Yverdon «Orzens possède la scène la plus spacieuse et la mieux équipée de la région». En 1935, on y a même fait entrer les deux chevaux et la diligence du «Courrier de Lyon »: Journal d’Yverdon du 13 mars 1935 «[…] Le 2e [tableau], «L’attaque de la malle-poste» obtint un succès légitime: ce fut le mieux réussi des huit. Les décors, tout d’abord, ont soulevé les applaudissements spontanés d’un public comprimé. A leur tour, deux superbes chevaux parurent sur scène, et les dragons de pousser des cris d’admiration et d’envie! Puis la malle-poste, grandeur nature, s’arrêta en grinçant des freins devant les spectateurs qui n’en croyaient leurs yeux! Enfin, l’attaque à coups de feu fut si bien jouée, avec une telle promptitude, que le rideau nous laissa pantelants et surpris. Samedi soir, une quinzaine d’acteurs du Théâtre de Lausanne sont venus à Orzens. M. Béranger, directeur, trouva la dite scène enlevée avec plus de brio qu’elle ne l’avait été sur la scène municipale par des professionnels. Cette remarque sincère vaut un éloge et se passe de commentaires […]»

– A la fin des années 40 les nouvelles techniques de battage du blé rendirent la «Mécanique» du Battoir obsolète. On transforma donc la salle, on construisit une extension avec une nouvelle scène et les «soirées Théâtrales» reprirent leurs quartiers dans la nouvelle salle, inaugurée en janvier 1951: Yverdon Revue janvier 1951 «A Nouvel-An, Orzens a inauguré sa belle grande salle aménagée dans le bâtiment du Battoir, complètement transformé. […] le Comité de l’Union des Sociétés locales d’Orzens qui a réalisé la magnifique grande salle de 700 places […]» – soit on était optimiste, soit, à l’époque, on se serrait davantage car la nouvelle salle, construite après l’incendie de 2013 et inaugurée en 2017, avec la même surface mais en respectant les nouvelles normes ECA accueille environ 300 places en configuration spectacle!

En conclusion «L’identité villageoise» est-elle cachée dans ce lieu et cette tradition plus que centenaire? Non l’identité villageoise n’existe plus depuis longtemps! A l’image de «notre» fanfare d’Orzens qui, dans la première moitié du XXe siècle est devenue la fanfare d’Orzens-Bercher puis seulement de Bercher et qui, depuis peu, se nomme Fanfare villageoise de Bercher et Vuarrens «Echo du Sauteruz» (ce nom vous rappelle-t-il quelque chose?!), nous avons construit cette infrastructure pour faire perdurer notre «identité régionale». Et nous sommes certains que nos trois sociétés locales, la Jeunesse d’Orzens-Gossens, le Chœur mixte Orzens-Oppens et l’Association culturelle d’Orzens feront vivre encore longtemps les traditions locales. Si vous désirez participer à l’animation du village c’est avec grand plaisir que ces trois acteurs de la vie locale vous accueilleront à Orzens. Mais si votre but est d’y vivre, prenez votre mal en patience; le «PLAN» que nous ont concocté nos chères autorités cantonales nous octroie un taux d’augmentation de la population de 0.75%/an, soit 30 personnes pour les 20 prochaines années. Orzens restera donc un petit village pour encore longtemps. n

Le Syndic, Frédéric Burkhard

La fontaine et le grenier

L’église et la grande salle

« Courrier de Lyon » de 1935

L'ESSENTIEL

Municipalité, de gauche à droite : Montandon Pascal, Burkhard Frédéric (syndic), Guichard Claude, Hauner Dominique, Wagnière Laurent.
Secrétaire municipale:Schick Barbara. Boursier : Chevalley Guy.
Séance de la municipalité:lundi soir. Conseil général : 50 membres.

Adresses utiles :

Greffe: rue des Fontaines 1, 1413 Orzens.
Heures d’ouverture: mardi : 8h à 10h.
Tél: 021 887 83 81. E-mail général : orzens@bluewin.ch.Poste de gendarmerie: tél. 117.
Service du feu: tél. 118.

CE QU'IL FAUT SAVOIR

Syndic: Frédéric Burkhard

Nom de la commune:Orzens

Sobriquet des habitants : Les Seillettes

District: Jura-Nord vaudois

Surface: 420 ha

Arrondissement électoral:Jura-Nord vaudois

Nombre d’habitants: 203

Nombre de ménages: 97

Structure de la population :

112 femmes - 91 hommes

31 habitants de moins de 18 ans

Taux d’imposition: 79

Paroisse: Sauteruz

Manifestations communales:Course aux œufs – 1er août

Sociétés locales:

Chœur mixte Orzens-Oppens «le Cœur qui chante» – Jeunesse Orzens-Oppens – Association culturelle Orzens

Emil Frey - rectangle