Efficacité énergétique des entreprises
Lier objectifs environnementaux et économiques
06.11.2020 / FAO n° 89
Dans le canton de Vaud, la consommation d’énergie dans l’industrie et les services correspond à environ 57% de la consommation électrique totale et 52% de la consommation totale de chaleur. Moteurs de cette surenchère? Les entreprises qui dépassent les seuils de 0,5 GWh d’électricité ou 5 GWh de chaleur, soit la consommation d’environ 140 ménages… En plus de la loi fédérale, la loi vaudoise sur l’énergie prévoit depuis 2014 des dispositions en matière d’efficacité énergétique pour ces «grands consommateurs», estimés à 600 sur le territoire vaudois.
Mohamed Meghari, chef de division à la Direction de l’énergie, au sein de la Direction générale de l’environnement, note pourtant que les entreprises bénéficient de peu de mesures d’encouragements étatiques par rapport aux particuliers. «Les subventions fédérales et cantonales en matière d’énergie concernant davantage le chauffage que les processus industriels ou artisanaux spécifiques — pourtant très énergivores dans certaines branches —, nous nous sommes dit qu’il fallait proposer une aide spécifique.» C’est dans ce contexte qu’est née la REE (Rétribution des économies d’énergie), un appel à projets sur la base du volontariat, lancé en 2016 à l’attention des entreprises.
Complémentaires à l’éventail d’aides financières de la Confédération déjà en vigueur comme ProKilowatt (soutenant l’efficacité électrique) ou le Programme bâtiment (permettant de limiter les émissions de CO2 du parc immobilier grâce à l’isolation ou aux énergies renouvelables), les chantiers de la REE concernent plutôt des mesures adaptées aux entreprises, comme l’installation d’une boucle de refroidissement, la refonte d’un éclairage, la ventilation ou des processus bien spécifiques concernant les chaînes de production. «L’efficacité énergétique en entreprise, c’est lier des objectifs environnementaux et économiques», résume Mohamed Meghari.
Depuis le lancement du programme, le Canton a ainsi reçu des demandes pour tous types d’industries et de services, et de toutes les tailles, des grandes surfaces à l’industrie mécanique en passant par des blanchisseries, des cliniques et même des parkings.
Inciter au changement
Si le soutien du Canton consiste en une aide financière — grâce à une enveloppe annuelle d’un million de francs et des subventions pouvant aller jusqu’à 40 % sur la facture finale des travaux —, le but premier est de déclencher la décision d’investissement de l’entreprise en faveur d’un projet d’économie d’énergie. «Il ne s’agit pas d’un programme «arrosoir» soutenant tous les projets, met en garde Mohamed Meghari, mais plutôt de mobiliser ceux à relativement bas coûts pour les entreprises et, par voie de conséquence, pour l’État, et ayant un fort potentiel d’économies d’énergie.»
Ainsi, les dossiers sont mis en «compétition» et évalués selon un certain nombre de critères. Si sur les 50’000 entreprises du canton qui pourraient être concernées, seules 150 ont déposé un dossier, Mohamed Meghari tient à saluer les 48 projets sélectionnés dont 90 % ont été menés à terme pour aboutir à des économies d’environ 16 millions de kWh/an.
«On constate que le programme reste incitatif et que les entreprises jouent bien le jeu. En l’occurrence, l’efficacité énergétique permet toujours un retour sur investissement». Pour le Canton, qui vise une baisse de 37 % de la consommation thermique et électrique dans les industries et les services d’ici 2050 par rapport à 2015, c’est un début plein d’énergie.
Focus sur une entreprise vaudoise
À Crissier, B. Braun Medical emploie 360 collaborateurs et produit notamment des poches souples pour le traitement par perfusion. Pour cette entreprise déjà certifiée ISO50001 — et répondant ainsi aux normes obligatoires de performance énergétique —, le programme REE du Canton était une manière supplémentaire de réduire ses émissions de CO2 en valorisant la chaleur issue de ses chaînes de production.
«Outre les économies énergétiques et financières, l’engagement en matière écologique est stratégiquement très important pour une entreprise comme la nôtre», explique Roland Zaugg, responsable énergie et bâtiment de la société.
Subvention pour pompe à chaleur
La difficulté du projet résidait dans la différence de niveau de température entre la source de chaleur (les effluents liquides des procédés de production d’environ 30/35°C) et celui nécessaire pour le chauffage (environ 70°C). Les pompes à chaleur et fluides frigorigènes «classiques» n’étant pas adaptés à ces niveaux de température, le choix s’est porté sur une pompe à chaleur avec fluide HFO (fluides frigorigènes de 4e génération). Ces travaux, rendus possibles grâce à la subvention cantonale de 180’000 francs ont permis des économies d’énergie estimées à environ 100’000 litres de mazout, déduction faite de l’électricité consommée par la pompe à chaleur et les auxiliaires.
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