Pratique
Près d’un million de cahiers scolaires imprimés à Bochuz
01.10.2024 / FAO n° 79
Cela fait des lustres que les cahiers des écoliers sont imprimés par des personnes détenues à Bochuz où Christophe Progin, responsable de conduite et de gestion des ateliers des EPO, supervise une cinquantaine d’ateliers de travail qui occupent les personnes détenues au pénitencier de la plaine de l’Orbe. L’imprimerie en fait partie, où sont produites les centaines de milliers de cahiers qui sont noircis chaque jour par les dizaines de milliers d’élèves de la scolarité obligatoire.
Dans l’enceinte du pénitencier, cet atelier est outillé avec du matériel à la hauteur de la tâche. Le responsable détaille les machines offset, dont l’une imprime les pages intérieures tandis que l’autre assure l’impression des couvertures. Fort de cet équipement, l’atelier est capable de produire entre 12’000 et 14’000 feuilles par heures, sachant que, selon les années, entre 750’000 et 950’000 cahiers sortent de presse. La taille de ces machines est considérable: douze mètres de long sur trois mètres de large et deux mètres de hauteur. Dans la pratique, le chef d’atelier règle la machine, puis c’est l’une des personnes détenues qui assure sa mise en route et veille à ce qu’aucune feuille ne se mette de travers.
Après l’impression, il faut encore relier ces millions de feuilles. Le chef de l’atelier voisin, qui s’occupe de la reliure, décrit le processus: «Une machine va d’abord plier les feuilles en cahier de seize pages, puis une encarteuse-plieuse (qui traite 3500 cahiers à l’heure) va les superposer les uns sur les autres, avant de placer la couverture par-dessus et les agrafer. La chaîne ne s’arrête pas là : les cahiers sont encore mis sous emballage par groupe de dix à l’aide d’une plastifieuse, qui chauffe à 135 degrés afin que le plastique se rétracte.» Enfin, les paquets sont mis dans des cartons et le tout est livré à la DAL.
Une tâche pas si simple
La fabrication des cahiers est une tâche complexe: «La principale difficulté est l’impression des traits des cahiers lignés ou quadrillés, qui nécessite un réglage très précis. Et même si nos nouvelles machines sont beaucoup plus performantes, les personnes détenues ne sont pas des imprimeurs de formation», explique le chef d’atelier. «Nous devons adapter notre production au profil et aux compétences des gens que nous employons», précise encore Christophe Progin.
Selon la quantité commandée, l’impression et la confection de ces cahiers (une gamme de 19 modèles différents) prennent entre neuf et dix mois. Le temps restant, l’atelier travaille pour l’ensemble des besoins des prisons vaudoises, mais aussi pour les petites communes environnantes, notamment pour des fournitures simples. Notre mission est d’assurer une formation aux détenus et de les préparer à la réinsertion, c’est pourquoi tout ce que nous faisons pour l’extérieur est ciblé, spécifique et produit en quantité limitée», explique ce responsable.
Valoriser le travail des détenus
«Notre but est de valoriser les personnes détenues en leur permettant d’exercer des responsabilités. Ce n’est pas totalement anodin de se retrouver derrière une machine qui coûte plusieurs centaines de milliers de francs», remarque M. Progin. Au total, 24 personnes détenues sont affectées à ces deux ateliers (imprimerie et reliure).
Toujours dans l’idée de leur future réinsertion, ce travail permet également aux personnes détenues de toucher une rémunération.
Prochaine rentrée déjà sous presse
Pour la rentrée 2025/2026, la gamme de tous les cahiers scolaires a été revue. Les couvertures étaient résistantes, mais les couleurs pastel commençaient à montrer leurs limites. En lien avec les besoins particuliers de certains élèves, les contrastes seront renforcés pour faciliter la lecture. Les futurs cahiers seront réversibles et plus ergonomiques. Deux cahiers complémentaires s’ajouteront aux 19 modèles existants. Pour la première fois, un impressum indiquera qu’ils sont imprimés aux ateliers des Établissements de la plaine de l’Orbe.
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