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Culture

Le Musée de la main propose d’y pointer le bout du nez

28.01.2020 / FAO n° 2020008

L’exposition « Quel flair ! Odeurs et sentiments » nous invite à explorer et à tester un sens longtemps sous-estimé, l’olfaction. Des expériences sensorielles et des installations artistiques lèvent le voile sur les liens forts entre odorat et sentiments.

Le Musée de la main propose d’y pointer le bout du nez
Des expériences sensorielles et des installations artistiques lèvent le voile sur les liens forts entre odorat et sentiments.
Crédit photos: Ph. Gétaz / Musée de la main UNIL-CHUV

Pourquoi mettons-nous du déodorant ? Sommes-nous aussi doués que les animaux pour suivre la trace d’une odeur ? Pourquoi une odeur personnelle attire-t-elle ? Que révèlent nos propres odeurs de nous-même ? Autant de questions abordées par des dispositifs artistiques et scientifiques qui, tout au long de l’exposition, invitent notre nez à la découverte de soi et des autres.
Dans la première pièce, une spirale de déodorants en spray s’enroule autour d’un pilier de béton. L’installation artistique pleine d’humour du Français Boris Raux rappelle le filon hygiéniste qui promouvait une vie aseptisée et peu tolérante envers les odeurs corporelles. Ce n’est que vers la fin du XXe siècle que la science commence à porter intérêt à l’olfaction. Un sens longtemps négligé, voire méprisé, en Occident. Les médecins mettaient en garde contre les miasmes, des émanations putrides qu’ils pensaient vecteurs de maladies. Les moralistes, quant à eux, voyaient dans l’odorat un incitateur à la débauche et à la luxure.

 

Les dédales du labyrinthe olfactif

Paradoxalement, l’olfaction fascine, comme le montre le deuxième espace de l’exposition. Si durant plusieurs siècles, elle est perçue comme malsaine, elle possède en même temps une fonction curative et protectrice. Le philosophe grec Aristote pressentait son rôle essentiel, vital, confirmé aujourd’hui par nombre d’études scientifiques. L’œuvre de l’artiste japonaise Maki Ueda propose ici une expérience qui permet au visiteur de tester son odorat. Dans un dédale de murs lambrissés, imprégnés de différentes odeurs, il faut retrouver la sortie uniquement en suivant une des senteurs boisées.
L’olfaction joue un rôle important dans l’instinct de survie de tout être vivant. Elle lui permet de se nourrir, se protéger, se reproduire et même communiquer. C’est également le sens qui a permis à l’humain de développer et d’enrichir des pratiques de raffinement, telles la gastronomie et la parfumerie.

 

Le piège odorant

Dans une autre pièce aux murs rouges, une installation de l’artiste canadienne Julie C. Fortier évoque le pouvoir de séduction d’une odeur, qui envoûte, qui prend au piège. En effet, certains mécanismes de l’attraction olfactive sont inconscients et ne relèvent pas de la raison. Ainsi, certains d’entre nous sont, malgré eux, des proies odorantes pour les moustiques, d’autres se parfument délibérément dans un rituel de séduction. Et justement, ces parfums que nous portons ou les effluves que nous dégageons sont autant de signaux que nous envoyons à notre entourage. Des études démontrent que l’odorat joue un rôle important dans la rencontre et le choix d’un ou d’une partenaire. n


«Quel flair! Odeurs et sentiments». Musée de la main UNIL-CHUV, Lausanne, jusqu’au 23 février. www.museedelamain.ch