Biodiversité en forêt
Promenons-nous dans les bois vaudois
20.11.2020 / FAO n° 93
«La nature, temple aux vivants piliers» que louait Baudelaire a pris du plomb dans l’aile. Entre la multiplication des sécheresses, responsables du stress hydrique et favorisant l’apparition de parasites ravageurs comme le bostryche (un coléoptère redoutable qui assèche sur pied les résineux), et les violentes intempéries causant d’importants dégâts dans les peuplements, certaines essences forestières comme l’épicéa et le sapin blanc connaissent, par endroits, de funestes destins. Le mot d’ordre aujourd’hui?
Favoriser les capacités de résilience de la forêt. «On a planté beaucoup d’épicéas il y a cinquante ans, là où ils poussaient bien, et on essaye aujourd’hui de diversifier la forêt», explique Anne Golay, cheffe de section Biodiversité en forêt au sein de la Direction générale de l’environnement (DGE). Au vu de la situation géographique du canton, entre Jura et Alpes, la forêt vaudoise présente un large éventail de milieux et d’espèces, toutes considérées comme les maillons d’une grande chaîne. «Si l’un se rompt, tout est fragilisé. Notre stratégie en matière de biodiversité en forêt porte sur plusieurs axes: laisser libre cours au développement naturel de la forêt, promouvoir le vieux bois et le bois mort, valoriser les milieux forestiers de grande valeur et conserver les espèces et les milieux prioritaires au niveau national», détaille encore la biologiste.
Concrètement, la DGE cosubventionne depuis 2008, avec l’Office fédéral de l’environnement, une série d’actions en faveur de la biodiversité en forêt auprès des collectivités publiques comme des propriétaires privés (27%), et va prochainement proposer des formations continues dans ce domaine aux agents de terrain – près de 70 gardes forestiers qui en font à leur tour la promotion auprès du grand public et des propriétaires.
Des forêts rendues à la nature
Au cœur du dispositif: les réserves forestières «au nombre de 39 aujourd’hui dans le canton et en augmentation constante» note avec satisfaction Anne Golay. Établies pour une période d’au moins cinquante ans, elles permettent à la forêt de se développer librement sur une grande surface, généralement d’au moins 20 hectares. Les conventions établies avec les propriétaires garantissent à ces derniers des subventions pour compenser la perte de revenus.
Souvent éloignées les unes des autres, les réserves forestières ne permettent toutefois pas de garantir les échanges génétiques nécessaires au maintien des espèces. C’est pour cela que l’État de Vaud développe également depuis dix ans un réseau d’îlots de sénescence – des micro-réserves forestières – et d’arbres-habitats, à savoir des arbres (marqués par un H) présentant un ensemble d’abris pour la petite faune. Ce dispositif constitue un ensemble de relais entre les réserves de plus grande taille pour les espèces les moins mobiles.
C’est heureux, les résultats de ces actions en faveur de la biodiversité sont visibles sur le terrain. «De 1999 à 2018, les observations menées par la DGE sur l’avifaune forestière montrent une évolution fluctuante et globalement positive avec environ 10% d’augmentation, se félicite Anne Golay. Et à la suite des nombreux contrats signés durant la période 2016-2019, on arrive à une surface totale de 5000 hectares de réserves forestières et d’îlots de sénescence, et environ 15’000 arbres-habitat.» Le Canton s’est fixé comme objectif la mise en réserve totale de 10% d’aires forestières d’ici à 2030. Touchons du bois.
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