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Environnement

Maîtriser la population des loups pour favoriser son acceptation

10.08.2021 / FAO n° 64

Frédéric Hofmann, chef de section «chasse, pêche et surveillance» de la Direction générale de l’environnement, répond aux interrogations soulevées par la décision du canton de Vaud de demander à la Confédération l’autorisation de réguler une meute de loups.

Maîtriser la population des loups pour favoriser son acceptation
L’objectif du Canton est de favoriser la cohabitation entre les prédateurs et les activités humaines.
Crédit photos: ©AB Photography - stock.adobe.com

A la suite de cette démarche, des défenseurs de la faune sauvage dénoncent une «fatwa» à l’encontre du prédateur. Qu’en est-il?
En préambule, il est utile de préciser que le Canton suit très attentivement la situation sur le terrain en collaboration avec l’ensemble des partenaires concernés. Dans cette optique, le Canton n’a aucunement pour objectif de supprimer le loup du territoire vaudois mais de favoriser la cohabitation entre les prédateurs et les activités humaines. Le terme de «fatwa» est totalement inadéquat et extrême car il ne s’agit pas d’être pour ou contre le loup, mais de vivre avec et de résoudre les problèmes lorsqu’ils se présentent, ce que nous avons fait notamment en renforçant les mesures d’accompagnement à l’égard des éleveurs.

Dans les cas signalés ces dernières semaines, il s’agit de réagir au comportement de loups qui sont devenus problématiques tant pour l’évolution future de la meute que pour le bétail. Quand les dommages dépassent les seuils légaux, des tirs doivent être envisagés dans le but de rendre la meute plus craintive et plus hésitante à s’attaquer à des bovins. Il va de soi que les tirs de régulation ne doivent en aucun cas menacer la survie de l’espèce, qui est protégée.

On accuse le canton de vouloir abattre des louveteaux nés en 2020, alors qu’une telle mesure n’aurait aucun impact et pourrait menacer l’ensemble de la meute.
La demande adressée à l’Office fédérale de l’environnement (OFEV) prévoit conformément à l’ordonnance révisée sur la chasse, de tirer deux jeunes loups. Le canton souhaite cibler deux subadultes, nés en 2020, qui ont vraisemblablement participé aux attaques sur des veaux.  

La décision de tirer des loups aurait été prise de manière précipitée, jugent certains défenseurs de la nature, sans se baser sur des cas de prédation confirmés et sans attendre les analyses ADN.
Dans chaque cas signalé, les surveillants de la faune font systématiquement des constats pour déterminer l’origine des attaques et prélèvent des échantillons ADN afin d’identifier génétiquement le ou les loups responsables de l’attaque. De plus, la décision de l’OFEV tiendra compte du résultat des analyses ADN qui ont pour but de déterminer de quel loup il s’agit et non pas de nous dire si c’est bel et bien un loup qui est l’auteur de l’attaque.

A la suite des examens détaillés effectués sur le terrain, au moment du dépôt de la demande d’autorisation, sur les six cas signalés comportant la mort d’un veau, trois peuvent être attribués sans équivoque à des loups.

D’aucuns prétendent qu’il n’est pas nécessaire de recourir au tir de loup. Des mesures de protections efficaces des troupeaux existent et pourraient suffire.
Malheureusement, en l’état actuel, il n’y a pas de solution totalement fiable pour protéger le bétail. Mais nous testons cependant des mesures qui peuvent réduire les risques de prédation. On peut par exemple placer plusieurs génisses avec le groupe de veaux, voire regrouper les veaux dans les chalets pour la nuit (mais ce n’est pas applicable partout, car il faut pouvoir gérer le fumier et abreuver les veaux).

Il est prévu en outre de tester l’efficacité de parcs de nuit à proximité des chalets ou de parcs de sécurité pour veaux (réalisable sur certains alpages).

Quant aux chiens de protection, ils ont montré leur efficacité dans les Préalpes. Toutefois, la cohabitation avec les troupeaux de bovins s’avère particulièrement délicate dans le contexte actuel (comportement défensif du troupeau vis-à-vis des canidés). Sans oublier la coexistence parfois difficile entre des promeneurs et leurs chiens (qui doivent être tenus en laisse en présence de bétail).