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Prévention

Moustique tigre: stopper l’expansion

02.11.2021 / FAO n° 88

Moustique tigre: stopper l’expansion
La stratégie fédérale, reprise par le canton, est de maintenir le moustique tigre à un niveau très bas pour limiter le risque de transmission de maladies.
Crédit photos: Smith Chetanachan

Le moustique tigre est un insecte exotique invasif qui colonise depuis plusieurs années l’Europe, tirant parti du réchauffement climatique. Il évite soigneusement les milieux naturels, mais s’établit dans les zones habitées. Outre la gêne importante qu’il occasionne également durant la journée, il peut être vecteur de plusieurs maladies tropicales, justifiant que des actions concertées soient entreprises pour freiner son expansion.

La fin des températures estivales marque aussi le terme de la période favorable à la nidification et à la prolifération du moustique tigre. Venu du sud, l’insecte est déjà présent dans les pays et cantons voisins. Dès 2019, le canton, avec ses partenaires, a anticipé sa venue en mettant en place une campagne de prévention visant à freiner l’installation de l’insecte sur le territoire cantonal. Les mesures prises, qui combinent la surveillance de zones stratégiques, l’intervention rapide et la vigilance de la population, ont montré leur efficacité cet été.

Détection précoce pour freiner l’installation
Pour la seconde année consécutive, le canton a invité tous les habitantes et habitants à participer à la lutte contre l’installation du moustique tigre dans sa campagne de communication publique. La suppression des gîtes possibles du moustique tigre, qui s’installe dans les petites collections d’eau des terrasses et jardins en zone urbaine et périurbaine, est la première mesure efficace. Une plateforme de signalement pour les citoyens, www.moustiques-suisse.ch,  a été mise en place et permet aux experts d’identifier rapidement les spécimens. 447 signalements pour la Suisse romande y ont ainsi été faits, auxquels s’ajoutent 185 demandes envoyées à l’Université de Lausanne et à la Direction générale de la santé.

Actions de monitorage sur le terrain
En parallèle, les autorités ont mené des actions de monitorage sur le terrain avec la participation des communes de Nyon, Yverdon, Aigle et Bex. Ces dernières ont été choisies pour leur position stratégique dans l’avancée du moustique, soit près de zones déjà contaminées en Suisse romande, à savoir Genève et le Valais (Nyon, Aigle et Bex), soit près de grands axes routiers (Yverdon). Des pièges pondoirs, analysés toutes les deux semaines, ont été placés dans des lieux stratégiques pour attirer d’éventuelles femelles prêtes à pondre. Le monitorage a eu lieu durant la période active du moustique tigre, de juin à mi-octobre.

Par ailleurs, une surveillance du réseau autoroutier suisse est réalisée par le réseau suisse des moustiques. Ainsi, en 2021, le moustique tigre a été identifié au restoroute de la Côte ainsi qu’à Nyon et Cully. Lors des retours positifs, les autorités communales et cantonales ont procédé à une inspection de la totalité de la zone pour détecter d’éventuels lieux de ponte et recherché des larves dans toutes les collections d’eau des environs, telles que les bouches d’évacuation des eaux claires. Des pièges supplémentaires ont été posés et un traitement biologique larvicide effectué immédiatement. À noter que ce traitement sélectif n’est pas nocif pour la faune aquatique.

Coopération transfrontalière pour limiter la prolifération
La collaboration transfrontalière franco-suisse initiée par le Conseil du Léman s’est traduite, début juin 2021, par une communication commune en direction de la population du bassin lémanique. Une vidéo d’information destinée au grand public, présentant les bons gestes à adopter pour empêcher la prolifération du moustique tigre, a ainsi été réalisée.

Les résultats des suivis de surveillance de la progression du moustique tigre ont été mutualisés sur les départements de l’Ain et de la Haute-Savoie et les cantons de Genève, de Vaud et du Valais. Ce partage de données de part et d’autre de la frontière permet d’appréhender plus efficacement la colonisation du moustique tigre et de préparer des actions de surveillance et de sensibilisation.

Dans les mois à venir, le Conseil du Léman souhaite consolider cette coopération en renforçant le partage d’expériences entre les acteurs concernés et en améliorant l’accès aux données permettant le suivi de cette espèce invasive.


L’arrivée du moustique tigre sur le territoire suisse est favorisée par les activités humaines, par l’adaptabilité écologique marquée de l’espèce et par le changement climatique.
Crédit photos: Aaron Burden

Les bons gestes à adopter

Si à cette période de l’année les nuisances sont moins importantes, il convient de garder à l’esprit que le moustique tigre est toujours présent, mais sous la forme d’oeufs. Ainsi, au printemps, lorsque les conditions redeviendront favorables, il pourra poursuivre son développement et donner naissance à une nouvelle génération. Toutefois, en le privant d’eau, il est possible d’empêcher le développement du moustique. Pour ce faire, il est donc primordial de vider chaque semaine tous les récipients en plein air tels que les coupelles, les bâches ou encore les gamelles. En parallèle, penser à couvrir de façon hermétique les réservoirs d’eau de pluie et autres récipients pouvant accumuler de l’eau. Dans le même ordre d’idées, ranger tous les objets susceptibles de créer de petites flaques à l’abri de la pluie, ou les retourner et curer les gouttières et rigoles pour éviter la stagnation d’eau.

Il convient de souligner que l’utilisation d’insecticide n’est toutefois pas recommandée. En effet, répandre des produits non ciblés détruirait les prédateurs du moustique tigre et pourrait nuire à la santé humaine. Finalement, signaler sans délai aux autorités de référence la présence du moustique tigre fait partie des réflexes à adopter.

Risque sanitaire très limité
Enfin, si le moustique tigre est indésirable, car il peut transmettre certaines maladies tropicales comme la dengue, le virus zika et le chikungunya, la probabilité qu’un moustique pique une personne malade puis une seconde non porteuse de ces maladies est très basse dans le canton.