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Stratégie vélo du Canton

Toutes et tous en selle!

05.11.2021 / FAO n° 89

La Stratégie cantonale de promotion du vélo à l’horizon 2035 vient tout juste d’être validée par le Conseil d’État. Jusqu’ici plutôt douce, la révolution initiée en 2010 pour mettre la petite reine sur le devant de la scène va connaître un coup d’accélérateur.

Toutes et tous en selle!
Piste cyclable séparée du trafic, offrant un haut niveau de sécurité et de confort aux cyclistes.
Crédit photos: Anne-Laure Lechat

Dans quinze ans, il devra être possible d’accomplir la plupart des trajets de la vie quotidienne à vélo dans le canton de Vaud. Le moteur de ce pari ambitieux? La nouvelle stratégie vélo du Canton, qui participera à encourager un report modal du trafic automobile vers les mobilités actives et les transports publics en vue de freiner les émissions de CO2 responsables du réchauffement climatique.

Pédaler jusqu’à une gare pour gagner ensuite son lieu de travail ou partir en week-end? C’est l’un des trajets de demain que le Canton a à cœur de voir se généraliser.

Bien que la population vaudoise ait accepté en 2018 à plus de 85% l’arrêté fédéral sur les voies cyclables – qui oblige notamment les cantons à planifier un réseau cyclable de qualité pour les déplacements quotidiens et de loisirs –, force est de constater que le canton de Vaud n’est pas vraiment dans le peloton de tête, avec une part modale du vélo très en dessous de la moyenne nationale. En ligne de mire: le faible sentiment de sécurité ressenti par les cyclistes vaudois, notamment sur les trajets domicile-travail. De quoi amener le Canton à accélérer l’actualisation de sa stratégie vélo, alors que l’on sait que 40% des trajets effectués en voiture par les pendulaires font moins de dix kilomètres : des distances aisément praticables à vélo, électrique ou non.

Nouveaux comportements, nouveaux aménagements
Pensé justement à une époque où le vélo à assistance électrique (VAE) n’existait pratiquement pas, le réseau cyclable cantonal doit être revu et étendu. Les VAE permettent non seulement de couvrir efficacement des distances beaucoup plus longues qu’auparavant, mais aussi de transporter du matériel ou même des passagers si l’on pense au vélo-cargo: une véritable alternative à la voiture pour les déplacements quotidiens.

Et si les infrastructures actuelles sont déjà utilisées par des cyclistes chevronnés ou pour des trajets de loisirs (p. 4), elles ne répondent que très partiellement aux usages d’aujourd’hui et de demain, qui ont considérablement évolué.

La diversité des cyclistes – de l’étudiant au pendulaire en passant par les familles ou les seniors – nécessite différents types d’équipements ou de formations : des vélos en libre-service, des stations de gonflage ou encore des cours de conduite ou de mécanique. Du côté des aménagements, l’idée est de repenser les espaces pour que tout le monde puisse se déplacer sereinement, engins motorisés, cyclistes comme piétons.

Culture du vélo: la révolution est en marche
Cette stratégie, qui repose sur une large concertation, se décline en trois volets: la promotion du vélo et de ses bienfaits, pour faire du deux-roues un réflexe toute l’année, de 8 à 80 ans; le développement des infrastructures cyclables sur un périmètre plus étendu, afin de créer un territoire propice aux déplacements à vélo; et le soutien, notamment aux communes, pour doter la stratégie des moyens nécessaires à sa mise en œuvre.

«Cet investissement, qui stimulera aussi l’économie locale, permettra de créer les pistes cyclables, les ponts et passages inférieurs, les carrefours et les espaces de stationnement qui rendront la pratique du vélo aussi facile et agréable que possible» liste avec optimisme la conseillère d’État Nuria Gorrite.

Objectif numéro un? Sécuriser et élargir le réseau cantonal utilitaire en collaboration avec les communes, soit celui qui relie des pôles et connecte aux transports publics, et que l’on emprunte pour aller au travail, à l’école, faire ses courses ou se divertir. Pour cette pratique du vélo quotidienne, pas de «chemin des écoliers»: il faut viser l’itinéraire le plus direct soit, la plupart du temps, les routes cantonales très fréquentées que ce soit en agglomération, dans ou hors des localités. La tâche sera de créer des aménagements de qualité, notamment des pistes cyclables là où le potentiel de cyclistes est le plus important afin de garantir leur sécurité.

Au sein de ce réseau cantonal utilitaire de près de mille kilomètres, on distingue un réseau structurant pour relier les pôles les plus importants et un réseau complémentaire pour garantir une desserte plus fine du territoire vaudois. Si les premiers effets de cette stratégie ne seront visibles que d’ici trois à quatre ans, la révolution du vélo est en marche. Roulez jeunesse, et toutes les générations avec!


Anne-Laure Lechat
Crédit photos: Marquage rouge pour attirer l’attention des automobilistes sur la présence éventuelle de cyclistes à une intersection

Quelques chiffres

Pour la mise en œuvre d’une première série de mesures, le Conseil d’État a déposé en octobre deux demandes de crédit de près de 42 millions de francs auprès du Grand Conseil, notamment pour financer des études d’aménagements et soutenir les communes. L’objectif? Réaliser le réseau cyclable structurant en deux phases de quinze ans chacune afin d’augmenter de 10% la part modale du vélo à l’horizon 2035 (contre 2,2% en 2015). Concrètement, c’est 80% de pistes cyclables envisagées pour les nouvelles réalisations cantonales hors localité d’ici 2035, contre environ 30% réalisées jusqu’en 2020.