Quand la sauvegarde de la nature réunit les humains
19.11.2021 / FAO n° 93
Face à la problématique grandissante des plantes exotiques envahissantes dans le canton de Vaud, une idée a germé en 2016: confier du travail d’arrachage à des requérants d’asile, privés du droit de travailler et donc souvent désœuvrés. Gabriel Gerber, ingénieur en environnement qui gère ce projet chez Actions environnement, fait le bilan des six années écoulées. «Face à l’arrivée massive de migrants fin 2015 à la suite des conflits en Syrie et en Afghanistan, on s’est dit qu’il était possible de concilier engagement social et environnemental.»
Reprendre pied
Harassant, pénible en raison des conditions météo, ce travail d’arrachage manuel est pourtant très apprécié des requérants d’asile qui, souvent, se réinscrivent d’une année sur l’autre. «Ça devient l’enjeu de rencontres, d’expériences partagées. Pour ces gens qui ont parfois vécu le pire, cela permet de s’occuper l’esprit, de se sentir utile et, surtout, de retrouver un esprit de famille». Voir qu’ils se sentent mieux psychologiquement, qu’ils progressent avec l’apprentissage de la langue, c’est autant de satisfaction pour Gabriel Gerber que le travail accompli.
De petites mains pour un travail colossal
«S’il n’y a pas de solution miracle pour éradiquer les néophytes, l’arrachage manuel demeure la méthode la plus douce, sans produits chimiques ni engins mécaniques».
Pour le groupe de huit volontaires de l’EVAM, l’activité rémunérée a lieu deux jours par semaine, de mai à fin octobre. Solidement chaussés, protégés de casquettes ou de bonnets selon le temps, aidés de pioches ou de bêches pour venir à bout des racines les plus récalcitrantes, les «arracheurs» sont bien entendu munis de gants, «les orties et les ronces étant légion dans les zones alluviales de la Venoge où nous allons».
Quand l’arrachage porte ses fruits
Dans ces zones inondables protégées d’importance nationale, l’ennemi numéro un est la renouée du Japon: à l’aide de ses rhizomes – des tiges souterraines très résistantes qui se reproduisent dans le sol et peuvent même déstabiliser les berges sablonneuses – elle est devenue l’espèce la plus compétitive de nos milieux humides, étouffant peu à peu les espèces indigènes et la faune associée. La technique? Affaiblir la plante en enlevant un maximum de rhizomes. «On a parfois l’impression que c’est sans fin, mais on constate une véritable évolution au bout de cinq ans, à force de passages répétés», se réjouit Gabriel Gerber. Un travail de Sisyphe finalement gratifiant. Pour les humains comme pour la nature.
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