Culture
Plateforme 10: «Ne jamais faire de concession sur l’ambition artistique»
16.03.2021 / FAO n° 22
Projet en constante évolution, Plateforme 10 connaît une nouvelle mue. Depuis le 1er janvier 2021, une nouvelle gouvernance voulue par le Conseil d’État est mise en place. Désormais, une seule et unique fondation de droit public regroupe le Musée cantonal des Beaux-Arts, le Musée de l’Elysée et le mudac. Rencontre avec Patrick Gyger, son nouveau directeur général, à pied d’œuvre depuis le début de l’année.
Monter en puissance
Le premier grand défi de Patrick Gyger sera administratif, à savoir la mutualisation des tâches. «Nous n’avons clairement pas pour mission de faire des économies sur les postes. En revanche, la réunion des trois musées génère forcément des croisements. En les identifiant et en réadaptant certains cahiers des charges, nous nous retrouvons avec des ressources humaines ou des moyens financiers supplémentaires que nous pouvons réinvestir dans l’offre et la qualité culturelle de chacun de nos musées. Ces regroupements nous permettront de monter en puissance.»
Amadouer le public
Si pour Patrick Gyger, le rayonnement national et international est important, l’adhésion locale est fondamentale: «Ça commence par là, que des gens viennent boire un verre ou que des familles en profitent pour se balader un dimanche après-midi. Mais pour les atteindre, il faut d’abord que notre offre soit conviviale. Notre ambition est que Plateforme 10 soit un véritable lieu de vie, un endroit où l’on peut s’extraire du quotidien. A nous de créer ce moment de bascule qui fait que l’on passe d’un instant de convivialité au temps de la réflexion.»
Patrick Gyger est persuadé que le public est aussi prêt à vivre des expériences artistiques différentes, voire exigeantes, mais que le préalable repose sur un accueil bienveillant, convivial, à savoir des horaires d’ouverture aussi larges que possible, du personnel bien formé et accueillant : «Il faut amadouer un public qui peut parfois se sentir laissé sur le côté, pour ne pas dire rejeté par le monde des musées. Nous devons réussir à lui faire comprendre que ce qui se passe entre ces murs est d’abord pour eux.»
Un commissariat au niveau «méta»
Patrick Gyger estime qu’il n’existe pas en Europe de véritable quartier des arts où les institutions sont véritablement en dialogue les unes avec les autres. Pour notre part, nous avons commencé par un rapprochement administratif, mais de facto, des glissements vont se faire à tous les niveaux, cela va automatiquement créer un dialogue entre nos trois musées.» Le défi de Patrick Gyger est désormais de développer avec les trois directeurs de nouvelles manières de présenter les œuvres et instaurer un nouveau rapport à l’art dans un contexte inédit: «En tant que directeur général, mon envie n’est pas de monter des expositions, mais de faire des choix en définissant des lignes stratégiques, une forme de commissariat au niveau «méta», et d’établir un dialogue aussi fréquent que possible entre les trois musées. Grâce aux espaces généreux dont nous disposons, nous pouvons offrir des réponses différenciées, avec des artistes connus et inconnus du grand public. Mais avec un credo simple: ne jamais faire de concession sur l’ambition artistique.»