FAO

Micropolluants

La STEP de Penthaz fait œuvre de pionnière

12.11.2021 / FAO n° 91

La station d’épuration de Penthaz est la première STEP du canton de Vaud équipée pour traiter les micropolluants, ces résidus de médicaments, de produits de nettoyage et autres pesticides qui polluent sournoisement les eaux des rivières et des lacs. Suivons l’itinéraire de l’eau usée avant qu’elle ne se déverse «propre» dans la Venoge.

La STEP de Penthaz fait œuvre de pionnière
En juillet dernier, la conseillère d’État Béatrice Métraux expliquait à la STEP de Penthaz que les stations d’épuration vaudoises doivent encore renforcer leur niveau de traitement.
Crédit photos: ARC Jean-Bernard Sieber

Située dans l’un des nombreux coudes de la Venoge qui serpente en aval du village, la station d’épuration de Penthaz est discrète. Pourtant, depuis qu’elle a mis en œuvre un traitement des micropolluants conforme à la nouvelle Ordonnance fédérale sur la protection des eaux (OEaux), elle attire tous les regards. Elle suscite d’autant plus d’intérêt qu’elle est la première en Suisse romande à utiliser un procédé «révolutionnaire» à base de charbon actif en micrograins.

«Au début, on s’est même dit que ce procédé était trop simple pour que ça marche vraiment…» confie, un petit sourire entendu aux lèvres, René Nicolet, membre du comité directeur de l’AIEE (Association intercommunale pour l’épuration des eaux de Cossonay, Penthalaz, Penthaz, Daillens, Bettens, Bournens et Sullens) dont dépend la STEP qui traite les eaux usées de ces sept communes. Soit 1,5 milliard de litres par an, ce qui revient à 3'134'000 de litres par jour.

La simplicité de ce système, proposé par une entreprise française, avait immédiatement séduit les communes lorsqu’elles cherchaient à moderniser leurs installations en 2015. Elles étaient d’autant plus convaincues de faire le bon choix que l’installation ne nécessitait qu’une surface réduite et que l’exploitation semblait simple.

(Excellents) résultats sans appel
Avant de recevoir le feu vert, une station pilote avait été mise en service pour que ce nouveau système puisse être préalablement testé par le Canton, l’EPFL et d’autres instances bernoises. L’expérience fut concluante. Après deux ans de fonctionnement, les résultats des dernières analyses sont sans appel: si seulement 18 % des micropolluants ciblés étaient retenus avant la mise en service des nouvelles installations, le taux d’efficacité a grimpé à 90 %. Soit dix points de mieux que les 80% imposés aux STEP par la nouvelle législation fédérale.

«Mais avant d’atteindre le silo contenant les micrograins de charbon actif, les eaux usées doivent passer plusieurs étapes», explique Nicolas Raemy, adjoint du chef d’exploitation de la STEP.
En effet, ces eaux sont tout d’abord dégrillées pour enlever les gros déchets, lesquels sont lavés et compactés avant d’être brûlés dans une usine d’incinération. Ensuite, elles passent par un tamiseur, un dessableur puis un déshuileur avant d’être conduites dans un décanteur primaire. L’eau est alors transférée dans des bassins d’aération contenant du chlorure ferrique, dont le rôle est d’abattre le phosphore: un «garde-manger» où sont cultivées des bactéries réalisant son épuration biologique. Les nitrates sont traités dans un deuxième temps grâce à leur transformation en azote gazeux. Enfin, tout se calme dans le décanteur secondaire où les dernières boues sont extraites.

Dans l’ancien temps, une goutte d’eau mettait 48 heures pour traverser la STEP avant d’être rejetée dans la Venoge. Désormais, son trajet est prolongé jusqu’à un filtre (pour supprimer les dernières petites matières en suspension) avant d’être diffusée dans deux réacteurs en béton de huit mètres de haut, mesurant chacun seize mètres carrés. L’intérieur est rempli de micrograins de charbon – huit tonnes dans chacun des réacteurs – que les eaux usées traversent de bas en haut: les micropolluants y restent emprisonnés. «Une goutte d’eau met environ trente minutes pour traverser le réacteur avant de se retrouver dans la Venoge, nettoyée de tout micropolluant. Le taux d’épuration tel que fixé par la Confédération est largement atteint et cela ne prolonge que de quelques minutes le processus d’épuration», précise Nicolas Raemy, non sans fierté.

Rien ne se perd, tout se transforme
La qualité non négligeable de ce système français est le recyclage de sa matière première. À chaque livraison, le même camion repart avec le charbon usagé qui sera recyclé dans une usine belge, la perte se limitant à 10% lors de cette opération. La boue est également recyclée. Le biogaz, produit par leur digestion, est engrangé et traité dans un gazomètre situé sur la STEP pour être ensuite injecté dans le réseau de gaz naturel.

«Il faut aussi préciser que 170 m2 de panneaux solaires produisent environ 13% de la consommation électrique de la STEP. Nous faisons de gros et de beaux efforts pour améliorer la qualité de l’eau et de l’environnement, conclut René Nicolet. Maintenant, si on veut encore l’améliorer, il nous appartient à tous de limiter l’usage de produits chimiques et d’arrêter de prendre les toilettes pour une poubelle. Ce qui n’est vraiment pas compliqué. Cela ne coûte rien, mais il faut le faire!»


Un bassin de la STEP de Penthaz.
Crédit photos: ARC Jean-Bernard Sieber