Entre 2015 et 2021
Des victimes de traite et d’exploitation en forte augmentation
04.02.2022 / FAO n° 10
On les emmène en Suisse en leur promettant un travail bien rémunéré et un meilleur avenir. En réalité, ces personnes se retrouvent menacées, leur passeport confisqué. Elles sont contraintes à des activités illicites ou forcées de travailler dans la restauration, le milieu de la prostitution, la construction ou dans l’économie domestique. «Le Canton de Vaud affiche une forte volonté de lutter contre la traite et l’exploitation des êtres humains. Seul un travail actif rend ce phénomène visible et encourage les victimes à briser le silence», souligne Rebecca Ruiz, cheffe du Département de la santé et de l’action sociale (DSAS). «Nous offrons un soutien très important, afin que ces personnes puissent commencer une nouvelle vie sans souffrance et les auteurs soient poursuivis en justice.»
En 2015, le DSAS a mis en place une structure spécialisée qui est unique en Suisse romande. Il s’agit de l’association ASTREE qui s’occupe à la fois de la détection des victimes, de leur hébergement et accompagnement (aide administrative, démarches juridiques, suivi santé physique et psychique, recherche de logement, insertion socio-professionnelle) ainsi que de la formation des acteurs qui sont en contact avec des victimes potentielles et de la sensibilisation du grand public, des milieux concernés (prostitution, migrants) et des institutions au niveau cantonal et national. Cette institution peut s’appuyer sur un large réseau de partenaires et sur une table-ronde cantonale qui se réunit plusieurs fois par an et se compose de plusieurs institutions étatiques.
Chaque année, 25 victimes détectées
Le bilan de ce dispositif de lutte contre la traite et l’exploitation est très positif. Chaque année, 25 victimes sont détectées dans le canton de Vaud, alors qu’avant la création d’ASTREE, elles n’étaient que deux à trois par an. Grâce à cette meilleure détection, le nombre de victimes suivies a également augmenté: en 2021, l’association a mené 2099 entretiens de suivi (en 2015: 211) et accompagné 87 victimes (en 2015: 18 personnes). De 2015 à 2021, 123 victimes ont été hébergées, dont 24 en 2021. «Le nombre de procédures pénales a également augmenté; il est passé de cinq en 2015 à 46 en 2021. Le fait d’être en sécurité et d’avoir un soutien adapté à leur situation contribue à la décision des victimes de dénoncer les auteurs de la traite», expliquent les deux directrices d’ASTREE, Angela Oriti et Anne Ansermet. Un autre avantage de l’approche intégrée que l’institution applique est que pratiquement toutes les victimes trouvent un logement et sont financièrement indépendantes, une fois que leur suivi prend fin.
Les prochaines évolutions de ce dispositif sont, entre autres, le renforcement du soutien juridique des victimes et la diversification des types d’hébergement, en particulier pour répondre aux besoins des hommes et pour faciliter la réinsertion des victimes qui quittent le foyer d’ASTREE.
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