Champvent, crouilles gens? Vraiment?
«Champvent, bon vin, bonne terre, crouillles gens.» dit-on, ou tout du moins l’adage dépicte-t-il ainsi les habitants de la Commune de Champvent. Alors, vrai ou faux, tout ça, que de dire des habitants de Villars-sous-Champvent, Essert-sous-Champvent et de Champvent qu’ils sont si crouilles, avinés par leurs propres nectars vinicoles qu’ils gardent jalousement, entourés par de belles terres et des forêts sublimes? A en consulter les livres d’histoire oui, leur sobriquet va même jusqu’à les cataloguer de «rufians», soit les… «vauriens». Mais alors, qu’ont-ils à dire pour leur défense, ces chanvannais, trop souvent affublés de cette image d’Epinal qu’est leur château, une magnifique bâtisse qui surplombe majestueusement la Plaine de l’Orbe, à tel point que bien souvent, on limite les activités du village à celles de son château? Les habitants des trois villages – fusionnés depuis 2012 par 97% d’acceptation! – se mettent alors en valeur par les actes, et non pas par les mots – dans une pure tradition du bon sens vaudois. Champvent, Essert et Villars cohabitent bien. Si bien qu’ils le font en osmose et aiment à contre-attaquer les croyances à leur égard, bon an mal an, au gré d’activités et de traditions aussi diverses que bigarrées. La Commune, tout ce qu’il y a de pittoresque, est proche d’à peu près tout : à 30 minutes de sa capitale (Lausanne), à 10 minutes des thermes (Yverdon-les-Bains), à 5 kilomètres des entrées d’autoroute (Yverdon ou Orbe); à 15 minutes des pistes de ski (les Rasses); tout près de la France (Pontarlier), à 50 minutes d’un voyage à l’étranger (Cointrin), le village a même sa propre gare (à Essert) pour lui permettre des activités au bilan énergétique propre.

Des activités à foison, des traditions bien gardées
Mais Champvent, ce n’est pas qu’une situation, c’est aussi un maelstrom social, où pullulent une ribambelle d’activités sportives, sociales et culturelles: la fanfare et son dîner-concert annuel (accompagnés d’invités de prestige tels qu’Alain Morisod) ou sa journée de la pomme; le FC Champvent qui milite en 2^e ligue vaudoise sans culbute depuis bientôt 15 ans (couronné par une victoire en Coupe vaudoise en 2010); la Jeunesse qui met souvent les petits plats dans les grands (organisation des 75 ans de la FVJC en 1994 avec Foederis, le Giron du Nord en 1986 et 2001); la société de couture et sa légendaire «Vente villageoise» du mois de mai (où les habitants s’arrachent les meilleures pâtisseries de la région) ; la troupe de théâtre «Les Copains d’abord» (et ses pièces humoristiques); le Vélo Club (petit dernier des sociétés du village, qui forme des cyclistes déjà primés au niveau national) sans oublier sa société de quilles et de ses groupes de contemporains qui collectent de l’argent pour le redistribuer à des œuvres caritatives et aux gens dans le besoin – pas si crouilles, les gens de Champvent…

Au Gault et Millau
Et au milieu de tout ce petit monde: le sacro-saint bistrot. Lieu de prédilection pour se retrouver autour d’un café, autour d’un verre pour l’apéro, ou autour d’une table qui sublime les palais. Pour preuve: «L’Auberge de Champvent» a fait son entrée au Gault et Millau en 2020, et les critiques sont dithyrambiques, le prestigieux guide y allant de son commentaire savoureux: «La nouvelle auberge propose deux espaces: d’un côté le café, où l’on vient en sortant du travail prendre l’apéro, ou à midi pour croquer cheeseburgers, saucisses à rôtir et cordons-bleus. De l’autre, la salle à manger, intimiste, entre plafond bas et tableaux colorés. ». En plus du bon vin, à Champvent on y mange bien – vive la saison de la chasse – la réputation est faite loin à la ronde, il se murmure même que «l’Auberge» est devenue l’une des toutes meilleures tables de la région…

La Commune de Champvent aime ses traditions. Si le dernier café-restaurant d’Essert-sous-Champvent fut fermé en 1946, la tradition de l’apéro du samedi matin à la sortie de la déchetterie tient son rang, où la convivialité est ultime et transmissive. Mais Essert, c’est aussi un nom qui ne doit, par ailleurs, rien au hasard. Son origine (XII^e siècle) vient du latin exsatrum (terre défrichée), un coin de terre qui a vu naître, des siècles plus tard, une entreprise maraîchère familiale de renommée nationale, Sylvain & Co, qui emploie aujourd’hui plus de 160 personnes. Essert-sous-Champvent est idéalement placé sur l’axe routier Yverdon-Sainte-Croix et sur sa traversée se tient le «Self 4 Saisons», lieu de prédilection pour récolter ses produits locaux, en parfaite harmonie avec les tendances contemporaines du «consommer local».

Le village de Villars-sous-Champvent et ses 57 habitants a récemment inauguré une toute nouvelle place de village, avec un terrain de pétanque et un espace de jeu pour les enfants. Villars est certes un petit territoire par la taille, mais qui jadis exploitait une carrière (1908), et qui logeait même des «justiciers» œuvrant pour le baillage de Grandson (1476). Villars est superbement adossé à la colline qui domine la Plaine de l’Orbe, le village est le point d’interstice qui relie Essert et Champvent et qui tisse la toile géographique de la Commune.

Avec Charles le Téméraire
Champvent c’est aussi une histoire chargée. Les rois de Haute Bourgogne s’y sont embourgeoisés (XII^e siècle); les ducs de Bourgogne s’y sont écharpés (XIII^e siècle); Charles le Téméraire y a non seulement mis les pieds, mais il se les est emmêlés – les Bernois lui reprenant le territoire après des batailles intestines (1536). Mais Champvent c’est aussi son château. Merveille resplendissante qui balaie les plaines de l’Orbe du haut de sa colline et de ses quatre tours; il se raconte (à tort) que le château fut commandité par la reine Berthe, il n’est pourtant que l’archétype du parfait carré savoyard, reconnaissable loin à la ronde: depuis le restoroute de Bavois on le distingue, depuis l’autoroute A1 on l’observe. Dès 1536 il devient une propriété privée et dans la grandiloquence de sa cour, les pages d’histoire continuent d’y être écrites.

Une nouvelle grande salle à l’horizon?
En 2021, le Conseil Général de Champvent a approuvé un crédit d’étude pour guider l’élaboration d’une toute nouvelle grande salle. Pour les membres du Conseil, bâtir un nouvel écrin favorisant les structures culturelles, sportives et le développement éducatif de ses enfants eut un écho plus que favorable: le préavis du crédit d’étude fut accepté par l’entier du Conseil (et à l’unanimité !). Un besoin évident – voire pressant – pour remplacer la grande salle actuelle, âgée de plus de 60 ans, qui n’a plus la capacité d’accueil, ni pour les activités scolaires, ni pour les manifestations répétées qui foisonnent au village. Cette nouvelle grande salle pourrait également accueillir la traditionnelle fondue villageoise (événement annuel, organisé chaque second samedi de janvier, où les habitants de Essert, Villars et de Champvent sont invités à partager une fondue) ou encore pour les festivités du 1^er août, deux manifestations organisées à tour de rôle par les sociétés locales du village. Autour de l’éventuelle future salle se dresse d’ores et déjà un Bike Park flambant neuf, terrain de jeu cycliste privilégié, dont l’investissement de CHF 53’500 fut approuvé par le Conseil général en 2019. Inaugurée par Jérôme Chapuis (champion suisse de VTT Trial en 2010) et Prisca Jaquet (3^e du championnat suisse de cyclocross U23 en 2022), tous deux habitants de la Commune, la place est utilisée par le Vélo-Club, qui s’est récemment associé à celui d’Orbe pour élargir son cercle d’actions. Champvent a également accueilli, durant une demi-décennie, une étape du Tour du pays de Vaud de course à pied, voyant des centaines de sportifs dévaler ses pentes et passages parmi les 133,5 hectares de forêt qui composent le territoire communal.

La Commune est, depuis 2017, membre à part entière d’un triumvirat avec les communes de Baulmes et de Vuiteboeuf, celui de l’AIVB (Association intercommunale du Vallon de la Baumine). Cette entité fonctionne de manière autonome, et garantit l’alimentation en eau potable des communes de Baulmes, Champvent et Vuiteboeuf. Les locaux de l’AIVB sont situés à Champvent et grâce à ses sources d’eaux propres méticuleusement entretenues, l’entité écoule plus de 470’000 m³ d’eau par année pour sa propre consommation.

Le nouveau plan d’affectation communal (PaCom) fut également validé par le Conseil après un travail précieux de la Municipalité, celui-ci entrera en vigueur en 2022. Afin de favoriser la diversité et l’inclusion et de permettre aux parents d’organiser leur obligations professionnelles, Champvent s’est récemment doté d’une structure d’accueil de jour (UAPE), au sein de la structure des Grillons. Si les activités sociales du village se tiennent principalement à Champvent, les instances dirigeantes cherchent à réorienter davantage d’activités à Essert ou à Villars, comme par exemple sa Chasse aux Œufs annuelle, ses différentes activités sportives voire, pourquoi pas, une séance du Conseil général.

La Commune est également propice à la culture de l’entreprenariat. Plus de 30 associations et entreprises – plus ou moins grandes – proposent près de 250 postes de travail dans des domaines du primaire (l’agriculture, la sylviculture) du secondaire (l’agroalimentaire, l’artisanat) et du tertiaire (l’architecture, l’enseignement). Champvent est également représenté au niveau politique, avec des présences cantonales (Sabine Glauser du parti des Vert-e-s, Pierre-Alain Urfer du PLR), comme fédérales (Alice Glauser, UDC). Des personnalités telles que Pascal Richard ont également vécu sur son territoire, le champion olympique ayant été fêté au village en même temps qu’une kermesse qui a permis de récolter des fonds pour financer une place de jeu dans le village.

Avec un taux d’impôt maintenu à 70 points, Champvent reste en dessous de la moyenne du district et tend à prouver qu’en plus de son offre culturelle riche : il fait bon vivre à Villars, Essert ou Champvent. Et ce, quoi qu’en dise l’adage. Mais ça, les habitants aiment à le garder pour eux…

Pour fêter le 10 ans de sa fusion, Champvent mit sa créativité en marche: il organisa son tout premier Comptoir, c’était l’été dernier avec un triple objectif : regrouper les habitants du village, inviter toutes les entreprises et sociétés présentes sur le territoire communal à présenter leurs activités respectives, et puis convier tout ce petit monde à un gigantesque repas villageois – durant la journée, la jeunesse prépara d’ailleurs plus de 100 kilos de broche. Un pot-pourri sous forme de bastringue, qui regroupa 25 entreprises, artisans et associations situées au village, et plus de 400 indigènes pour le repas, soit plus de la moitié de sa population présente! Le tout, avec la présence du Conseiller d’Etat Vassilis Venizelos, la Présidente de la FVJC Lucie Theurillat ou encore Patrick Simonin, le député le mieux élu de l’arrondissement. Une réussite, avec la seconde édition?