Grand Conseil
Sonya Butera: une voix pour tout le monde
06.10.2020 / FAO n° 80
C’est une présidence du Grand Conseil peu commune que vit Sonya Butera, et ce d’entrée de jeu. En janvier dernier, Yves Ravenel démissionne du Grand conseil et de sa présidence avec effet immédiat. Vice-présidente, Sonya Butera le remplace au pied levé. Pour assurer l’intérim, cette soignante de profession doit rapidement maîtriser les centaines d’objets en suspens. « J’ai pris trois semaines à potasser », raconte-t-elle. Ses propres démarches politiques se voient également chamboulées. Elle venait de déposer un postulat concernant la prise en charge des agressions sexuelles dans le canton. Devenue présidente ad interim, elle n’a pas pu le défendre par la suite. « C’était frustrant, mais heureusement, la consort avec qui j’avais déposé l’objet a pu prendre le relais, elle aussi, au pied levé »*.
Un Grand Conseil en pleine crise sanitaire
Deux mois plus tard, la crise du Covid-19 frappe. Les séances plénières du Grand Conseil sont suspendues. Les premiers jours, Sonya Butera reçoit à plusieurs reprises par différents biais un faux enregistrement d’un soi-disant médecin à Genève affirmant que l’hôpital y est débordé. « J’ai immédiatement compris qu’il fallait veiller au calme, faire en sorte que les informations correctes circulent parmi les députés ». Elle organise un cours en ligne via l’outil Webex avec un professeur du CHUV. La vidéo est ensuite transmise à l’ensemble du Grand Conseil.
Souhaitant éviter une surcharge de dépôts parlementaires à la reprise, elle veille à informer régulièrement les députés et à répondre à leurs interrogations. «Je suivais toutes les conférences de presse du Conseil d’État afin d’indiquer à mes collègues où trouver la réponse à leurs questions, je relayais leurs suggestions ainsi que les questions auxquelles je ne pouvais répondre moi-même au Conseil d’État ou aux services concernés. Cette centralisation a également permis de préserver le Conseil d’État de sollicitations redondantes, tout en assurant le lien entre les deux pouvoirs ». Parallèlement, tout est mis en œuvre pour relancer au plus tôt les activités parlementaires: tenue de séances de commission en distanciel, recherche d’un lieu adéquat et élaboration d’un plan de protection pour le plénum, et l’élaboration d’un rapport intermédiaire sur la gestion de la crise adressé à tous les députés peu avant la séance de reprise. C’est donc une période laborieuse demandant beaucoup de responsabilités qu’a traversée Sonya Butera. «En janvier-février, ça a été dur de se mettre dans le bain. J’ai été beaucoup secouée et testée. La période Covid a été encore plus éprouvante». Elle reste toutefois optimiste sur cette crise, qui – elle le précise – est loin d’être terminée. «C’est collectivement que le canton va s’en sortir. Il faut un travail d’équipe entre le Grand conseil et le Conseil d’État».
Favoriser les rencontres
C’est peut-être justement par cette valeur – celle de la collectivité – que Sonya Butera conçoit son rôle de politicienne. Ses actions politiques sont souvent déterminées par des rencontres. Son postulat pour l’extension de la prise en charge des agressions sexuelles à l’ensemble des hôpitaux vaudois en décembre fait suite à des échanges avec une jeune médecin récemment diplômée l’ayant informée de la situation. Ses engagements au sein de nombreuses associations du domaine sociosanitaire lui permettent de multiplier ces moments de contact. «En tant que députée, il faut être disponible, on est aussi là pour être à l’écoute et assurer l’interface avec la population. C’est en tout cas comme ça que je conçois ce travail», explique-t-elle. Une approche favorisée par son statut de présidente du Grand Conseil, ayant été officiellement élue le premier juillet dernier: mon périmètre d’écoute va désormais au-delà de mon district, de mon milieu professionnel et de mes milieux associatifs. On devient la députée de tout le monde, la voix de toutes les vaudoises et les vaudois».
Malgré les péripéties qui ont accompagné ses six premiers mois de présidence, Sonya Butera est enthousiaste. Cette Canadienne et Genevoise d’origine, Vaudoise d’adoption, ne cache pas son attachement au canton: «je suis fière de faire partie de ce canton dynamique et me réjouis de présider ce Grand Conseil qui va de l’avant dans la gestion des retombées économiques et sociales de cette crise sanitaire». Et de conclure sur sa présidence de manière humble: «c’est fabuleux de pouvoir participer à tout cela, même en n’étant qu’une sur cent cinquante».
* Cette demande a par ailleurs abouti en juillet, avec l’extension de ces prises en charge à l’ensemble des hôpitaux vaudois.
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