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Curtilles

un invité raconte sa visite au Syndic

L’écusson de Curtilles
d’azur à trois étrilles d’argent emmanchées d’or, posées en barre
2 et 1.

Je me prénomme René et je suis un citoyen de la belle ville d’Aventicum. Pourquoi écrire ces quelques lignes? Eh bien, j’ai eu la chance d’être invité par le syndic de Curtilles, un ancien camarade d’école du collège d’Avenches. Il me propose une rencontre pour se rappeler le bon vieux temps, mais surtout, pour une visite commentée de son superbe village.

C’est donc par un beau matin du mois d’août que mon train entre en gare de Lucens. De la fenêtre, j’aperçois l’entreprise «Isover», flanquée de sa gigantesque cheminée bleue qui crache une fumée du même ton, nous indiquant la direction du vent. Aujourd’hui, c’est une petite bise bien agréable qui me rafraîchit le visage.

C’est «pédibus cum jambis» que je prends le chemin du village de Curtilles. Je traverse un majestueux pont de pierre qui enjambe la Broye, vestige du passé toujours d’actualité. Il a été ouvert à la circulation en 1864, alors qu’une première mention le concernant date de 1391, toute une histoire!

Un peu plus loin, un deuxième pont, plus récent celui-là et nettement moins raffiné, surplombe la route de Berne. Il représente la frontière approximative entre Lucens et Curtilles. Dès maintenant, je foule donc le territoire de la commune gérée par mon ami syndic.

Une légère montée m’amène jusqu’à l’entrée de la bourgade. Sur ma droite, des pâturages et un champ de tournesols dont les belles fleurs jaunes suivent notre soleil. Sur ma gauche, le ruisseau des Vaux, bordé d’une végétation luxuriante. Il m’est force de constater que le trottoir est en piteux état. Heureusement, un projet d’envergure incluant les communes de Lucens, de Curtilles et le canton de Vaud prévoit la réfection de la route, dudit trottoir et la création d’une piste cyclable. Pour assurer la sécurité des piétons et des amateurs de la petite reine, deux passerelles seront accolées aux ponts afin de pouvoir traverser sereinement ce nœud routier.

Je progresse dans mon ascension en direction de Curtilles et sur ma gauche, j’aperçois une magnifique église. Elle est juchée sur une petite butte ornée de rosiers et d’arbustes riches en couleurs. Elle semble appeler le pèlerin du chemin de Compostelle, lequel peut officialiser son passage grâce au tampon s’y trouvant. Dans le clocher de type «clocher-mur» ou «clocher-arcade», typologie très rare en Suisse, j’aperçois deux cloches. L’une d’elle pourrait être la plus ancienne du canton.

Sous le parvis, c’est par une sculpturale porte en chêne que je pénètre dans ce remarquable édifice dont la première mention apparaît en 1055. L’intérieur est à l’aune de son architecture. Vitraux anciens, traditionnels bancs de bois et même un lustre moderne, pourquoi pas! Moi, je la trouve belle. Ce sont le canton de Vaud et la paroisse évangélique de Lucens et environs qui se partagent la propriété de ce superbe édifice.

Je reprends mon chemin et me dirige tranquillement vers mon lieu de rendez-vous. Au bout d’une rue à ma droite, j’aperçois des chevaux qui trottent dans un talus verdoyant. Des arbres fruitiers, des bouleaux, des noyers et quelques autres essences soulignent l’air bucolique de ce site.

Je prends le chemin du Carroz sur ma gauche pour me rendre sur la Place du Collège, siège de l’administration communale. Chemin faisant, je croise quelques poneys accompagnés de leurs jeunes cavaliers. Ils profitent de la fontaine pour se désaltérer avant de rejoindre le manège voisin.

Me voici arrivé ! Le syndic m’attend au pied d’un grand noyer. Il est assis à une table sur laquelle se trouve une petite agape, accompagnée d’une bouteille d’eau minérale d’une marque bien connue dans la Broye et dans toute la Suisse. Il faut dire que l’une des sources qui alimente la manufacture prend naissance sur la commune de Curtilles.

– Salut mon ami, sois le bienvenu à Curtilles et prends place. As-tu fait bon voyage?

– Oui, je suis venu en train. Le trajet m’a fait découvrir sous un autre jour notre vallée, c’était sympathique. La petite montée à pied qui suivait m’a fait un bien fou.

– Super. Ici nous sommes situés au centre du village. C’est un lieu de rencontre non seulement pour les enfants, mais également pour les ados et les parents, voire les aînés.

– Ah bon, je vois que nous sommes assis au milieu d’une belle place de jeux toute neuve, mais pourquoi: un centre pour les parents?

– Ce n’est pas qu’une place de jeux, c’est aussi le nœud des transports publics et scolaires. Depuis peu, il y a même deux vélos électriques à disposition des villageois. C’est un test piloté par la COREB, une association qui développe des projets dans la Broye vaudoise et fribourgeoise. L’idée de «Pick-e-bike», c’est de pouvoir franchir les derniers kilomètres entre la gare et ton domicile, pas bête, non? L’an prochain, lors de la réfection de la route, nous profiterons de réaliser deux arrêts de bus aux normes actuelles avec deux abribus.

– Je comprends mieux, les parents se rencontrent lorsqu’ils amènent leur enfant au bus, l’occasion d’échanger quelques mots.

– Effectivement. Bon, on va tout de même déguster cette eau. Santé et merci d’être venu!

– Santé, merci à toi de m’avoir invité, c’est cool!

Tout au long de ce moment d’échange, j’apprends plein de choses sur la commune. Outre le village, deux hameaux, les Biolles et le Pâquis ainsi que quelques fermes foraines complètent la bourgade. C’est une commune chargée d’histoire, un synode de l’évêque Hartmann cite Curtilles pour la première fois en 865, le village est alors propriété de l’évêché de Lausanne. Au début du 13e siècle, suite à un grand incendie qui détruit le village, l’évêque Landri de Drunes déménage à Lucens.

Nous décidons de faire quelques pas et nous empruntons les chemins communaux. Nous passons devant un garage et une bâtisse sur laquelle est inscrit «Laiterie», témoignage de son utilité passée. Nous traversons le ruisseau des Vaux et attaquons la rude montée en direction des Biolles. A mi-parcours nous faisons une halte au cimetière. Sur les tombes, nous lisons les noms des anciennes familles du village, Déglon, Sonnard, Crot ou Graz. J’apprends qu’un peu plus loin se dressait un moulin. Ce dernier a été détruit par un incendie dans les années 90. Aujourd’hui, il ne reste que la maison d’habitation.

Nous reprenons notre chemin et arrivons un peu essoufflés au hameau des Biolles. Une vingtaine d’habitations se partagent l’endroit, allant de la villa contemporaine à l’ancienne ferme rénovée avec goût. En regardant vers l’ouest, nous apercevons le hameau Des Pâquis et quelques fermes foraines qui complètent le village. Pour s’y rendre, il faut emprunter la route de Chesalles, actuellement en réfection. Au bord de la route, à droite s’érige le Château de Curtilles, aujourd’hui en mains privées, rénové entre 2002 et 2005.

Nous poursuivons notre périple et nous engageons sur les «bétonnés», chemins de remaniements parcellaires qui longent un ruisseau méandreux, le Rosex. Plusieurs terres agricoles fournissent principalement un herbage de qualité pour le bétail. Mon hôte en profite pour m’indiquer une ancienne ligne de tir et sa ciblerie sise à une centaine de mètres. Elle n’est plus utilisée depuis les années 60, mais le canton demande l’assainissement des lieux avant 2028, une dépense conséquente pour la commune.

Nous revenons vers le centre du village et profitons de déambuler sur le chemin dit «de la Scie».

– Tu vois, me dit mon ami, ces bâtiments avaient, il y a plus de cent ans, une grande importance pour le village. Une scierie et une boulangerie utilisaient l’eau du ruisseau comme énergie renouvelable. C’était la zone industrielle de Curtilles, toutes proportions gardées!

C’est avec un plaisir non dissimulé que nous arrivons au bistrot du village, propriété de la commune. Il a été entièrement rénové en 2019 et il tenait à cœur à la Municipalité de garder un certain cachet. Il me semble que le résultat est plutôt réussi, surtout la magnifique terrasse qui nous tend les bras.

Les cloches nous rappellent qu’il est l’heure de dîner. C’est le rendez-vous des aînés, des ouvriers et des voyageurs de passage qui s’installent, tantôt à l’intérieur, tantôt sur la terrasse. Nous nous laissons tenter par le menu du jour qui était ma foi, fort bon.

– Ce café a été voulu par la population non seulement pour maintenir un lieu de rencontre des habitants, mais aussi pour donner à nos aînés la possibilité de venir se restaurer.

Tout en mangeant, le syndic me parle des sociétés locales que compte la commune. Il y a la jeunesse, le tir sportif et certaines issues de l’agriculture comme le battoir, le moulin et la laiterie.

En souriant et avec une pointe d’humour, le syndic m’indique qu’il y a trois lieux de rencontre au village: le Café Fédéral, la place de jeux et la déchetterie. De plus, pour compléter les offres récréatives, un groupe d’animation dynamise le village en proposant des activités comme dans Tintin, «pour les 7 à 77 ans», mais pour les autres aussi…

Un petit noir clos le repas et nous voilà arrivés au terme de la visite. Il y aurait encore bien des endroits à découvrir et des histoires à raconter, mais je dois me rendre à Fribourg. Plusieurs trajets de bus relient Lucens à Romont.

– Prends un vélo électrique à la place de jeux, me dit mon ami, et dépose-le à la gare de Romont. Cela te fera du bien et tu promulgueras la mobilité douce, but de l’opération «Pick-e-bike» mise en place par la COREB.

Voilà, il est temps de nous quitter et une bonne poignée de main scelle ce bon moment passé ensemble.

Séduit par la proposition du syndic, j’emprunte la petite reine et, à la sortie du village, je me retourne pour jeter un dernier coup d’œil sur la vallée. La vue est magnifique. En face, sur une colline, trône fièrement un superbe château du 16e siècle, entièrement rénové par son propriétaire privé. Sur sa façade, un écusson bernois peint rappelle l’occupation vaudoise par ses belliqueux voisins.

A vous, lecteurs de cet article, laissez-vous séduire et venez faire une excursion dans la vallée de la Broye. Passez par notre village qui certes ressemble à un autre village, mais votre regard affûté vous fera découvrir des particularités que vous ne trouverez nulle part ailleurs.

Idée originale du syndic traduite par la plume de Jean Delacrétaz.
Aquarelles de François Rochat, St-Cierges

Municipalité de gauche à droite: Francisco Santamaria, Willy Chuard, Syndic, Pierre-André Décosterd, Diego Falk, Eric Bessard.

Le Café Fédéral, propriété communale, point de rencontre au milieu du village, entièrement rénové en 2019. Sa belle terrasse et sa salle accueillante vous attendent pour déguster l’excellente cuisine du patron, servie par la patronne.

Le château de Curtilles, dont les origines datent du 16e siècle, est classé bien culturel d’importance nationale. Toujours en mains privés, il a été rénové entre 2002 et 2005.

L’église de Curtilles avec sa nef romane, édifiée en 1231, à laquelle est venu s’adjoindre en 1517 un chœur gothique. Le clocher-mur avec ces 2 cloches, dont la plus petite, probablement coulée au 13e siècle, est une des plus anciennes du canton de Vaud.

L'ESSENTIEL

Secrétaire municipale: Doris Agazzi

Boursière: Valérie Bavaud

Séance de la municipalité:
mardi 19h30 à quinzaine

Conseil général: 3-4x par année
présidé par Bertrand Zufferey
52 membres (23 femmes et 29 hommes)

 

ADRESSES UTILES

Greffe:
Place du Collège 1, 1521 Curtilles

Heures d’ouverture:
les mardis de 17h30 à 19h

021 906 96 30
greffe@curtilles.chwww.curtilles.ch

CE QU'IL FAUT SAVOIR

Syndic: Willy Chuard

Nom commune: Curtilles

Sobriquet des habitants: Les Guenilles

District: Broye-Vully

Surface: 496 ha

Nombre d’habitants: 311

Nombre de ménages: 137

Taux d’imposition: 73

Paroisse: Curtilles-Lucens

Sociétés locales:
Jeunesse, société de tir

Autres:
Grand-Prix Retro de Curtilles
Poneys de la Broye

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