Les Clées à travers les âges

Durant l’Antiquité, les Romains cons-truisent la route de l’Étraz suivant le pied du Jura et qui passe par Les Clées pour remonter sur Baulmes ou Moiry. On peut déduire du tracé de la route romaine, encerclant la colline rocheuse du château, qu’un poste de surveillance existait là, mais il n’en reste aucune trace.

Au XIe siècle, les premiers habitants de la gorge construisent un pont avec une porte barrant l’accès qu’on ne franchissait qu’après avoir payé une forte rançon. Le château, probablement en bois, sera pris et détruit au XIIe siècle parce que les occupants maltraitaient et rançonnaient les passants. Vers 1135, Le pape Innocent II en fait interdire la réédification à l’évêque de Lausanne.

A ce moment-là une nouvelle voie de communication reliant l’Italie à la France est créée. Le château étant indispensable, il sera relevé en pierre avec une tour forte carrée.

En 1232, le château passe au comte de Genevois et le 10 juin 1250, Pierre de Savoie reçoit les terres des Clées en gage d’un paiement par le comte de Genevois. Il fait surélever la tour, agrandir le château, améliorer les routes et protéger les voyageurs. La forme carrée des tours prouve que le château existait avant 1250 car la maison de Savoie, dès cette date, construit toujours ses tours rondes comme à Morges ou à Yverdon.

Les Clées, forte de plus de mille habitants, va connaître deux siècles de prospérité sous la maison de Savoie, avec quatre foires par année et un péage devenu raisonnable. Les choses changent avec les guerres de Bourgogne.

A la suite de leur première incursion en Pays romand les Suisses envoient des commissaires visiter les places conquises sur le pays bourguignon. A leur retour, deux envoyés de Fribourg sont assaillis lors de leur passage aux Clées et sont blessés grièvement. Bien que le bailli de Vaud ait fait punir les coupables, les Suisses ne pardonnent pas.

Le 14 octobre 1475, ils déclarent la guerre au baron de Vaud qui était ami de Charles de Téméraire. Le même jour leur armée envahit le Pays de Vaud. Estavayer qui veut se défendre est saccagée. Suite à ça, la plupart des localités ouvrent leurs portes ou négocient. Les Clées fait exception. Le châtelain Pierre de Cossonay veut se défendre : il renforce la garnison du château qui passe à 150 hommes.

Le 21 octobre 1475, les Suisses envoient 1000 Bernois à l’attaque des Clées qui durera moins d’une journée. Après l’assaut du château la garnison est enfumée dans le donjon, les 70 derniers survivants se rendent, le châtelain à leur tête, ils sont emmenés à Orbe pour être exécutés. Les Bernois ayant fait tuer leur bourreau à Estavayer (il ne travaillait pas assez vite) ont dû demander aux prisonniers si quelqu’un assumerait ce rôle en échange de la vie sauve. Le valet de Pierre de Cossonay, un Allemand, est choisi pour cette tâche. Le soir-même 5 hommes sont décapités. Le reste passera la nuit en cellule où 19 prisonniers mourront. Le lendemain, 5 nouveaux prisonniers sont exécutés, dont Pierre de Cossonay. Finalement le restant est libéré. La ville et le château sont pillés et brûlés, ils ne s’en relèveront jamais.

Après la mise à sac du Pays de Vaud, les Bernois repartent et la Savoie le réoccupe. Les Suisses s’en emparent définitivement en 1536, sans rencontrer de résistance.

La disparition définitive du transit, suite à la construction de la route d’Orbe à Jougne et de l’ouverture de la voie ferrée Lausanne–Pontarlier au XIXe siècle, achève la déchéance de la ville.

A l’époque de la Révolution, le château devient propriété de l’État de Vaud qui le vendra en 1801 pour la somme de 400 francs.

En 1830, il est racheté par un Anglais, Mr Haliday qui transforme le donjon pour le rendre habitable, notamment en perçant de larges fenêtres. La construction de l’auberge au pied de la colline lui paraît « inadmissible », ne pouvant s’y opposer il échangera sa propriété avec celle de la famille Fazy de Genève en 1935. Le château sera ensuite racheté par la famille Pellis de Lausanne, qui est originaire des Clées. Il est actuellement la propriété de la famille Desbaillets.

Bref survol

Le territoire de la commune des Clées est situé sur les deux rives de l’Orbe. Il touche les communes de Lignerolle, l’Abergement, Sergey, Montcherand, Agiez, Bretonnières, Premier, Vallorbe et Ballaigues.

La commune est composée de deux localités : Les Clées, petit écrin de verdure, se situe au fond d’un vallon dégagé par l’Orbe, à l’intérieur des gorges et La Russille, bénéficiant d’une vue imprenable sur les Alpes, se trouve sur le plateau au-dessus des gorges de l’Orbe.

La commune occupe un territoire de 702 hectares dont les 2/3 sont des forêts. L’altitude moyenne est de 650 mètres. Une partie du territoire très en pente est classée zone de montagne (on a coutume de dire qu’aux Clées le seul coin plat c’est la table de la cuisine). Il y a encore trois exploitations agricoles. Le reste des habitants travaille à l’extérieur. Nous trouvons encore sur le territoire de la commune une entreprise de terrassement, un restaurant, une forge et l’usine électrique enterrée des Clées et 20 enseignants actifs ou retraités...

La population est de 184 habitants avec une parité remarquable, 79 femmes, 78 hommes, 14 filles et 13 garçons.

La commune fait partie de nombreuses associations intercommunales:

Nos enfants vont à l’école sous l’égide de l’ASIOR (Association Scolaire Intercommunale Orbe et Région).

L’approvisionnement en eau potable dépend de l’AISM (Association Inter-communale de la Source Mercier).

Les ordures ménagères sont traitées par la STRID.

L’épuration est prise en charge par AIVM (Association Intercommunale du Vallon du Mujon).

La protection incendie est à Vallorbe.

La surveillance de nos forêts est assurée par le Triage du Suchet.

Et aussi l‘ORPC, l’AJOVAL, la FAJE, l’AVASAD, ARAS, etc.

Quelques dossiers intéressants ou obligatoires occupent la commune en ce moment. Ce sont l’établissement du PGA, la construction d’un refuge forestier, la réfection des routes et chemins, la distribution de l’eau…

Ces dernières années deux gros chantiers nous ont occupés ; il s’agit de la transformation de notre collège en trois magnifiques appartements et l’établissement d’une réserve forestière intégrale dans les gorges de l’Orbe.

« Petit pays, petits problèmes » disait Gilles et nous pouvons le paraphraser en disant « petite commune petits problèmes, mais maigre budget…». En effet, nous devons composer avec un budget dont les seuls revenus sont les rentrées fiscales ; ce qui laisse peu de marge de manœuvre.

Une curiosité

La commune des Clées est formée de deux localités : Les Clées et La Russille qui ont respectivement 95 et 89 habitants.

La curiosité ne provient pas de cette quasi égalité mais dans leur dénomination. En effet Les Clées est une ville (la plus petite du Monde !) et La Russille un hameau.

Bel exemple à utiliser pour l’enseignement de la géographie !

Tourisme

La situation géographique des Clées offre une belle palette d’activités pour les amoureux de la nature.

Les promeneurs ont la possibilité de visiter les gorges de l’Orbe en empruntant autant en aval qu’en amont les différents sentiers ou chemins.

Les amoureux de la petite reine peuvent parcourir à VTT ces itinéraires plus ou moins sportifs.

La faune est très diversifiée et avec un peu de patience on peut observer bon nombre d’animaux dans leur milieu naturel.

La flore offre une grande diversité et particulièrement une grande variété d’orchidées que beaucoup de gens, venus de toute l’Europe, viennent photographier.

Au grand dam de certains habitants, les amateurs de champignons envahissent nos bois dès l’arrivée des beaux jours.

Une réserve intégrale

Les gorges de l’Orbe sont un endroit d’une beauté et d’une richesse uniques. Grâce à la géologie et à son aspect bien préservé, elles offrent un caractère sauvage et pittoresque aux promeneurs.

De plus le site des gorges de l’Orbe abrite et nourrit une faune et une flore aussi diverse que furtive. Le chamois, la truite, le martin-pêcheur, le héron cendré, l’if, l’érable, la fougère langue-de-cerf, le serpolet, le genévrier ou encore la prêle sont quelques exemples d’animaux et de végétaux qui peuvent être observés dans les parages.

La Commune des Clées, consciente de la valeur naturelle des gorges, a proposé la création d’une réserve à cet endroit.

Afin de constituer une entité forte de 300 hectares, les Communes de Ballaigues, Lignerolle, Montcherand, Bofflens, Agiez et Bretonnières ont été associées à ce projet.

En 2016 la réserve est créée. Elle contient 170 hectares de réserve intégrale, dans laquelle toute intervention humaine est interdite pendant 50 ans, à l’exception de travaux de sécurité éventuels. Les 130 autres hectares constituent une réserve particulière et font office de zone tampon autour de la réserve intégrale.

Vous pouvez observer cette réserve lors de balade dans les gorges de l’Orbe autant en amont qu’en aval des Clées.

La Fontaine Mercierpar son président

C’est le nom d’une source qui se trouve en amont du village des Clées. Mentionnée déjà il y a plus de 435 ans dans les archives cantonales, elle est d’une qualité particulière, ce qui a fait croire à nos ancêtres que cette eau nous venait directement des Alpes. Les données actuelles nous permettent d’affirmer que cette eau est bien locale et qu’il lui faut, selon le versant du vallon, entre quatre et vingt et un jours pour transiter dans les couches terrestres. D’origine vauclusienne, elle resurgit d’une grande profondeur à plus de 12° C toute l’année. 1200 litres par minute en moyenne sont déversés dans les installations de captage de l’Association Intercommunale d’amenée d’eau de la source Mercier (AISM). Celle-ci a été créée en 1968 suite à de grosses pénuries d’eau dans la région. Elle comprend les communes des Clées, Lignerolle, L’Abergement, Sergey, et depuis 1976, Bretonnières et Premier. Par différents pompages, douze kilomètres de conduites et plusieurs réservoirs, elle assure l’alimentation de 1400 habitants en direct ou via les réservoirs des six communes membres. Elle a également un rôle important dans la lutte contre les incendies.

Vitraux de l’église

En 1936, la Commune décide de rénover l’intérieur de l’église qui date du XVIIIe siècle.

Elle fait appel à l’architecte Henri Vermeil frère du pasteur de la Paroisse.

Henri Vermeil offrit les deux vitraux qui ornent le cœur de l’église. Ils sont l’œuvre de l’artiste parisien Auguste Labouret (1871-1964). Ils sont fabriqués en dalle de verre (du ciment remplace les joints en plomb). Ce sont les premiers du genre installés en Suisse.

Des habitants témoignent

On dit que Les Clées est un trou.

Faux ! C’est un vallon parallèle à la course du soleil dont la configuration en entonnoir favorise une proximité rencontrée nulle part ailleurs.

En tant que citadins, puis périurbains, à défaut d’être des néo ruraux, nous avons découvert dans cette Ville – puisque c’en est une – une convivialité jusque-là de nous inconnue.

Contrairement à ce que nous avions vécu auparavant, nous nous sommes retrouvés dans des rassemblements où la barrière des générations ne fait pas sens. Jusqu’alors nous n’avions jamais eu le bonheur de nous asseoir autour d’une table avec parents et enfants, vieux et gamins, retraités et actifs, sobres et moins sobres dans une spontanéité délicieusement désordonnée…

Vous l’aurez compris, nous avons été magnifiquement accueillis dans cette commune hors norme mais LAT voulant, ce bonheur vous sera refusé…

La Russille