Histoire
Les deux termes qui forment le nom de notre Commune, Jouxtens-Mézery, nous renseignent sur ses origines. Mézery découle du latin Masiriacus, le nom de la propriété d’un certain Masirius. L’origine romaine de la localité est confirmée par la mise à jour de vestiges d’une importante villa romaine dotée de bains. Ce bâtiment devait être encore occupé au 4e siècle, puisqu’on y découvrit des monnaies portant les effigies impériales d’Auguste et de ses successeurs jusqu’à Constantin, lequel régna de 306 à 337. Quant à Jouxtens, ce terme provient du nom d’un colon burgonde, Joto, qui s’installa quelques siècles plus tard en contre-bas, là où se trouve aujourd’hui Jouxtens.

Aussi loin que remontent les sources historiques, les deux localités furent rattachées à la paroisse de Prilly. Au Moyen Age, elles dépendaient au temporel du chapitre de Lausanne. Selon le rôle de 1442, les hommes de Jouxtens et ceux de Mézery marchaient sous la bannière du quartier lausannois de la Palud. A la conquête bernoise, en 1536, les habitants des deux agglomérations furent intégrés au baillage de Lausanne. En 1553 fut en outre constituée la seigneurie de Renens et de Mézery. Jouxtens, elle, dépendait de la juridiction de la ville de Lausanne. Les habitants des deux localités entretenaient ainsi des rapports de vassalité différents.

Modestes villages essentiellement agricoles, Jouxtens et Mézery attirèrent au fil des siècles quelques familles de l’aristocratie lausannoise, qui y construisirent des résidences d’été.

Au 17^e siècle, la famille de Crousaz était le principal propriétaire terrien. Outre la Grosse Grange acquise en 1685 (le terme grange désigne un domaine rural et le bâtiment d’habitation qui s’y trouve), elle possédait une autre Grange qu’elle fut autorisée en 1698 par le gouvernement bernois à transformer en château et lui donner ainsi le statut de siège d’une seigneurie.

Les deux résidences appartenant aux de Crousaz furent reconstruites au 18^e siècle, probablement selon les plans de Rodolphe de Crousaz, seigneur de Mézery et auteur, comme architecte, de plusieurs bâtiments d’envergure à Lausanne et dans ses environs. Dans la seconde moitié du 18^e siècle, le château de Mézery fut un centre intellectuel et mondain de la région lausannoise où séjournèrent notamment Voltaire, l’historien britannique Edward Gibbon, M^me de Staël et Benjamin Constant.

Le château de Mézery et la Grosse Grange ainsi que leurs domaines furent vendus en 1804 à la famille de Constant d’Hermenches. César Constant fit alors construire par l’architecte Henri Perregaux deux fabriques romantiques inspirées de l’art gothique. La première, nommée la Chapelle, était liée à la maison de maître de la Grosse Grange et servait de loge au portier. La seconde, appelée Abbaye Sainte Cécile puis Abbaye Sainte Sophie en souvenir de la fille, puis de la femme du propriétaire, était une fausse ruine, en partie construite et en partie creusée dans un banc de molasse.

En 1864, Gustave Auberjonois, issu d’une famille de notables lausannois et féru d’agronomie, acquit le domaine dit de la Grosse Grange et y fit construire une luxueuse demeure, le Castel Beau-Cèdre, ainsi qu’une ferme modèle dotée d’équipements très innovateurs. Principalement dévolu à la production laitière, cet ensemble agricole connut une renommée nationale, voire internationale, alimentée par la presse et les publications de l’époque.

Au décès de Gustave Auberjonois en 1917, le domaine échut à ses quatre enfants survivants, dont le peintre René Auberjonois, figure emblématique de l’art suisse de la seconde moitié du 19^e et de la première du 20^e.

Au début du 20^e siècle, Louis Rivier, auteur des fresques de l’aula du Palais de Rumine et connu pour ses magnifiques vitraux dans plus de 35 églises du pays, s’établit à Jouxtens-Mézery où il fut Syndic durant 24 ans.

Au cours du 20^e siècle, d’autres personnalités du monde des arts résidèrent également à Jouxtens-Mézery, comme la pianiste Martha Argerich et son époux le chef d’orchestre Charles Dutoit.

Données géographiques et démographiques
D’une superficie de 200 hectares, Jouxtens-Mézery est la plus petite commune du district de Lausanne. Dotée d’une situation géographique privilégiée et d’un cadre verdoyant, la commune s’étend entre 470 m et 596 m d’altitude sur un versant orienté au sud, faisant face au lac Léman et aux Alpes.

Jouxtens-Mézery est situé à moins de 10 minutes du centre de Lausanne par le chemin de fer Lausanne-Echallens-Bercher (LEB) et limitrophe des communes de Romanel-sur-Lausanne au nord, Prilly à l’est, Renens et Crissier au sud, ainsi que Lausanne par l’enclave de Bois-Genoud à l’ouest. Notre village se distingue toutefois nettement des communes voisines par son caractère essentiellement résidentiel et sa très faible densité.

La population de Jouxtens-Mézery est restée relativement stable du 18^e siècle jusqu’à la moitié du 20^e siècles, avec deux à trois cents âmes. Hormis quelques propriétaires de résidences cossues, la majorité des habitants étaient peu fortunés, ce qui leur valu le sobriquet de «Tchaffatsatagnes», signifiant en patois vaudois les «mangeurs de châtaignes».

La commune connût un important bouleversement avec la construction du contournement autoroutier de Lausanne inauguré en 1964 qui traverse le village et fracture en partie son territoire. Parallèlement, avec le boom économique de l’après-guerre et l’expansion consécutive de l’agglomération lausannoise, la population du village vit son nombre et ses ressources augmenter à partir de 1970.

Afin d’éviter le phénomène d’urbanisation des communes avoisinantes, Jouxtens-Mézery adopta un plan de zones interdisant la construction d’immeubles locatifs et imposant de grandes parcelles dans certains secteurs de la zone à bâtir. Des quartiers de villas se développèrent dans le cadre de cette planification, d’abord principalement directement à l’ouest des noyaux historiques, avec pour corollaire une augmentation notable de la population. De 430 habitants en 1970, la population passa ainsi à 549 en 1980, 1’166 en 2000 et 1’496 au 31 décembre 2023.

Patrimoine immobilier, naturel et paysager
La présence de plusieurs grands domaines privés, inscrits au recensement architectural vaudois et à l’inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger, sont une des particularités de Jouxtens-Mézery.

Avec quelques 40% de son territoire en zone agricole et deux aires forestières, la Commune jouit en outre d’un cadre de verdure qui lui confère un aspect de poumon vert aux portes de l’agglomération lausannoise; à ce titre, la Commune est comprise dans le périmètre d’accompagnement du parc d’agglomération de la Blécherette.

Le très faible coefficient de constructibilité du sol a permis de conserver de larges espaces non étanches et une arborisation foisonnante au sein même de la zone constructible et de sauvegarder de belles ouvertures sur des sites remarquables du village ainsi que des échappées visuelles sur des dizaines de kilomètres.

La préservation de ce riche patrimoine immobilier, naturel et paysager constitue de longue date une préoccupation majeure des habitants et des autorités du lieu. La Municipalité y accorde une attention toute particulière dans le cadre de la planification territoriale et mène également diverses actions en faveur de la nature et de la biodiversité: renaturation d’un cours d’eau (ruisseau de Montdedin), pose de nichoirs pour martinets, fauche extensive des talus, remplacement des haies de laurelles par des haies vives sur les terrains en mains de la Commune, création de prairies fleuries sur le site de la déchetterie et au cimetière communal, sensibilisation de la population par le journal communal et le site internet.

Vie villageoise
Il est à première vue difficile de se rencontrer et de créer du lien dans un village ne possédant ni magasin, ni restaurant, ni office postal. Heureusement, les habitants peuvent compter sur les nombreuses activités et manifestations proposées par les sociétés locales pour animer la vie du village. Ainsi, la fête du village organisée chaque année depuis 47 ans par l’Association La Fête à Jouxtens rencontre toujours un immense succès. Il en va de même de la traditionnelle course à travers Jouxtens organisée par la Société sportive et rebaptisée Tchaffa-Trail, qui a fêté sa 35^e édition cette année et attiré quelques 185 participants. La Société sportive organise également depuis 2008 un tournoi populaire de badminton et, depuis cette année, un tournoi de volleyball 3x3. Enfin, ses moniteurs encadrent de nombreux cours de sport hebdomadaires pour les petits et grands. D’autres activités sportives sont également proposées dans la salle communale par l’Association familiale de Prilly et Jouxtens-Mézery. L’Association des rencontres culturelles organise pour sa part des visites, conférences et concerts. Enfin, la nouvelle Association La Vie à Jouxtens a repris certaines des animations initiées par l’ancienne Associations des parents d’élèves de Jouxtens-Mézery, telles que la fête d’Halloween, et mis sur pied de nouvelles activités, telles que des cours hebdomadaires de théâtre pour enfants, des rencontres café-tricot, ou encore des marchés de saison.

La Municipalité a également à cœur de favoriser les liens sociaux au sein du village. Outre la fête nationale du 1^er août, la fête de Noël, la fête des écoles, la réception des nouveaux habitants et nouveaux citoyens, la sortie annuelle des aînés et le souper des aînés, elle a lancé depuis l’été 2022 avec l’Association «Pass», active dans l’organisation événementielle et comptant parmi ses membres une collaboratrice de la Commune, une buvette éphémère au centre du village ouverte à tous quelques soirées durant la belle saison. Enfin, elle a récemment élaboré un important projet visant à aménager de nouveaux équipements de sport et de détente sur l’esplanade surplombant le centre du village, afin de favoriser les liens sociaux et promouvoir la santé par le mouvement. Selon le calendrier prévisionnel, ces nouveaux équipements pourront être mis en service à l’automne prochain et offriront aux habitants de nouvelles possibilités de s’entraîner, bouger, sociabiliser et se délasser.

Défis et projets
Outre le projet du Belvédère susmentionné, la Commune a plusieurs autres projets et défis à relever dans les années à venir:

• Il s’agit notamment de finaliser le plan d’affectation communal, avec pour objectif de préserver la qualité du patrimoine bâti et paysager existant, tout en renforçant l’identité du centre villageois.
• Il importe en outre d’agrandir le complexe scolaire avec deux salles de classe destinées à remplacer les pavillons provisoires, ainsi qu’une salle d’activité créatrices et manuelles et une salle de dégagement.
• La Commune entend également construire un nouveau bâtiment à affectation mixte, pour accueillir et agrandir les actuelles structures d’accueil préscolaire et parascolaire et proposer des appartements pour les jeunes adultes ou les séniors souhaitant demeurer dans le village.
• La Commune a encore pour projet de réaménager deux routes communales et renforcer les mesures de modération de trafic, étant précisé que notre village est presque entièrement règlementé à 30 km/h pour la sécurité et le bien-être de ses habitants et ceci depuis 1999.
• Enfin, la Commune s’engage aussi à promouvoir le recours aux énergies renouvelables, assainir les bâtiments énergivores, privilégier les modes de transport respectueux de l’environnement et préserver la biodiversité.